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Cette semaine, le corps de Yasser Arafat sera exhumé pour qu’on tente de déterminer la cause de sa mort. Une théorie court voulant qu’il ait été empoisonné par une substance radioactive, le polonium-210, le même poison qui a causé la mort de l'ex-espion russe réfugié à Londres, Alexandre Litvinenko, il y a six ans. Ce dernier cas constituait une première de l'utilisation d'une substance radioactive comme poison.

Le polonium-210, découvert par Marie Curie en 1898 et baptisé en l'honneur de son pays d'origine, est toxique en quantités infimes, mais seulement s'il est absorbé ou inhalé, car les particules alpha émises sont très peu pénétrantes et facilement bloquées par la peau. Par contre, quand le polonium-210 est ingéré, une quantité aussi faible qu'un millionième de millionième de gramme (1x10-12 gramme) est suffisante pour causer des dommages irréparables aux tissus internes.

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La piste du polonium-210 comme cause du décès de Yasser Arafat découle d’une analyse de ses effets personnels remis à sa famille après son décès. Les tests réalisés par des spécialistes suisses à la demande de la chaîne de télévision Al Jazeera pour un documentaire sur la mort du leader palestinien démontreraient la présence de quantités significatives de polonium-210 dans les échantillons testés.

Le problème avec la théorie de l’empoisonnement au polonium-210 est qu’elle ne correspond pas à ce que l’on sait sur les examens effectués par les médecins de l’hôpital français où Arafat était hospitalisé. Bien que la recherche spécifique de polonium-210 n’ait pas été effectuée, une analyse radiologique n’a pas mis en évidence la présence de rayonnements radioactifs alpha dans les échantillons d’urine. Rayonnement qui aurait dû être présent si Arafat avait été empoisonné avec du polonium-210. D’autre part, il n’y a pas eu d’indication de pertes de cheveux chez Arafat, ce qui aurait aussi été un signe d’exposition au polonium-210.

L’origine de telles quantités de polonium-210 dans les effets d’Arafat huit ans après sa mort est aussi suspecte. On ne se sait pas dans quelles conditions ces effets ont été conservés et sous quelle surveillance, ce qui ouvre la possibilité que le polonium-210 ait pu être ajouté après coup. La demi-vie du polonium-210 est de 138 jours, ce qui veut dire qu’à peu près 20 demi-vies se sont écoulées depuis sa mort. Si on extrapole en se fondant sur la radioactivité présente dans les échantillons testés par les experts suisses, les quantités de polonium présentes au moment de sa mort auraient été un million de fois plus élevées. Il est difficile de croire que cela n’ait pas été remarqué par les médecins français. Autant de questions qui, on l’espère, seront éclaircies par l’exhumation.

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