En France, au contraire la culture des OGM est aujourd'hui inexistante alors qu'en 1998, elle avait été le premier pays européen à en cultiver. Les systèmes d'approbations sont aussi très différents. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), qui est responsable de la mise sur le marché des OGM, les traite sur la base de leur comparaison avec le produit conventionnel et non sur la méthode de production. Pour l'ACIA une plante génétiquement modifiée (PGM), qui est identique à la plante conventionnelle, à l'exception du trait introduit par la transgénèse, est sensée être équivalente. Ceci dans la mesure où les tests de salubrité démontrent son innocuité.
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En France, c'est surtout la technologie qui est mise en question. Officiellement, la mise sur marché des OGM dépend de l'Autorité Européenne de sécurité des aliments (EFSA) et non de chaque état membre de la communauté. Mais en France l'opinion publique et les pressions politiques y sont telles qu'aujourd'hui il n'y a aucune culture OGM. Par contre, le maïs MON810, le seul OGM permis en Europe, est cultivé en Espagne, au Portugal et en République tchèque. En France, la culture de cet OGM a été suspendue en 2008 malgré l'avis favorable de l'EFSA, et des autorités sanitaires françaises compétentes. Celles-ci, après investigation, avaient déclaré qu'il n'y avait pas de motifs de santé publique, ou de protection de l'environnement, qui justifiaient son interdiction. Pour passer outre la France a invoqué une clause de sauvegarde et quand celle-ci a été annulée par le Conseil d'État elle a trouvé le moyen d'y passer outre aussi.
Au mois de janvier 2015, après des années de blocage de la France, et des autres pays anti OGM, (19 pays sur 28) les eurodéputés ont voté un amendement permettant la culture de tous les OGM approuvés par l'EFSA. Mais en contrepartie chaque pays membre peut maintenant interdire ces OGM sur son propre territoire même si ce n'est pas justifié scientifiquement. Il lui suffit d'invoquer, par exemple, des motifs de politique agricole ou des conséquences socio-économiques. Une décision qui ne satisfait personne. Les anti-OGM y voit une porte d'entrée des OGM en Europe, alors que les pro-OGM la politique a pris le devant sur la science.
Il y a un certain degré d'hypocrisie dans la position de la France et des pays anti-OGM Elles interdisent les la culture des PGM sur leur territoire mais les importent en grande quantité de l'étranger, E.U. Brésil, Espagne, etc., pour nourrir leur bétail. Une pratique permise en Europe qui permet aussi, sans réglementation spécifique, les OGM issus de la mutagénèse.
Les réglementions du Canada et de la France sont aussi très différentes sur la question de l'étiquetage des OGM. Au Canada, l'étiquetage d'une caractéristique d'un produit est obligatoire seulement si c'est nécessaire pour la santé. Par exemple, dans le cas de présence d'allergènes comme des arachides. Par contre, il est permis d'inclure un étiquetage négatif tel que «sans OGM» dans la mesure où ce n'est pas trompeur. Malheureusement ce n'est pas toujours le cas et on peut trouver sur le marché toutes sortes de produits avec cette mention. Par exemple des avocats, des champignons, du persil et même du sel; des produits qui ne dépendent pas de la transgénèse. Un étiquetage utilisé pour de fins de marketing et pour justifier un prix plus élevé.
Pour les OGM, en France, comme pour toute la Communauté européenne, les règles d'étiquetage sont très strictes. Doivent être étiquetés «OGM» les produits qui contiennent volontairement des OGM. Si un produit contient des OGM, mais que cette présence est involontaire et inévitable, alors ces traces d’OGM sont autorisées jusqu’à 0,9% par ingrédient, sans obligation d’étiquetage. Par contre l'étiquetage n'est pas requis si un produit, viande, œufs, lait, poisson… est issu d'animaux nourris avec des OGM.
Quoi qu'il en soit il ne fait pas de doute que la population est beaucoup plus remontée contre les OGM en France qu'au Canada. Malheureusement cela ne veut pas dire que dans l'un ou l'autre de ces pays on soit bien informés. En réponse à une étude où l'on demandait à des personnes s'ils croyaient que manger des OGM pouvait changer leurs propres gènes, 32% des Français ont répondu oui, alors que pour les Canadiens le chiffre était de 52%. Conclusion: les Français sont moins mal informés.