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Coup de tonnerre dans le monde de l’Open access: l’éditeur scientifique Elsevier rachète la plateforme de gestion des références bibliographiques Mendeley. Un bel outil d’échange et de partage tombe-t-il aux mains du grand méchant éditeur?

C’est ce que soutiennent certaines réactions, assez négatives, qui se sont dispersées comme une trainée de poudre dans les médias et réseaux sociaux. Faut-il vraiment s’inquiéter?

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Elsevier: l’éditeur aux dents longues

La rumeur circulait depuis janvier 2013 mais cette fois c’est effectif. Elsevier rachète Mendeley. Le troisième plus grand éditeur scientifique est aussi le plus vivement critiqué. D’abord parce qu’il affiche une attitude clairement commerciale, ses prix ne cessent d’augmenter. Ensuite parce qu’il s’est entouré de nombreuses polémiques: utilisation douteuse de bénéfices engendrés grâce à la publication scientifique, conflit d’intérêts, journaux fantômes et autres tromperies.

En contrepartie et pour lutter contre ce système, l’accès libre aux publications scientifiques (open access) se développe depuis quelques années et monte en puissance. Les éditeurs, dont Elsevier, multiplient les actions pour racheter leur conduite. Mendeley fait-il partie de cette stratégie ou était-il l’ennemi à supprimer?

L’acquisition de la startup Mendeley

L’annonce officielle du rachat de Mendeley par Elsevier est tombée le 9 avril. TechCrunch estime la transaction entre 69 et 100 millions de dollars, soit 70 ou 100 fois le chiffre d’affaires de la startup. Le même jour, Mendeley annonçait joyeusement sur son blog la nouvelle: «L’équipe Mendeley rejoint Elsevier. De belles choses sont sur le point d’arriver!» Une photo accompagnait le post. On y voit les 50 membres de l’entreprise, heureux semble-t-il de l’adoption.

La jeune entreprise Mendeley a été créée en 2008. Plus de 2 millions d’utilisateurs utilisent aujourd’hui son logiciel de gestion de références bibliographiques. Ils peuvent aussi échanger et interagir entre eux grâce au réseau social qui accompagne cette plateforme d’échange. MyScienceWork l’avait listé dans son article «Les Nouveaux Outils Numériques pour la recherche scientifique» comme un outil d’avenir pour le milieu de la recherche. Sans être le plus ouvert des outils, Mendeley vise clairement à favoriser les échanges entre chercheurs. Mendeley fait partie de la famille Open access et Open Science.

Sentiment de trahison des utilisateurs

Le jour de l’annonce, TechCrunch, le Guardian, le Financial Times, et Herald Online diffusaient l’information à leurs lecteurs. Les utilisateurs n’ont pas tardé à réagir: «Je quitte Mendeley car je ne souhaite pas offrir mes données à Elsevier», «Je suis un utilisateur de Mendeley. Je crains les changements à venir.»

Elsevier possède déjà son propre réseau social pour scientifique SciVal, et sa version gratuite BioMedExpert (les réseaux sociaux pour scientifiques, MyScienceWork). L’éditeur propose aussi ses propres sites de recherche bibliographique: Scopus et ScienceDirect. Pourquoi investir encore dans un outil similaire? L’annonce d’Elsevier parle d’améliorer son offre d’échange de sources et de bibliométrie? Est-ce là son seul intérêt? L’éditeur scientifique le plus détesté du milieu académique cherche-t-il à se refaire une réputation? Ou encore, comme certains le suggèrent à supprimer une concurrence trop ouverte?

Mendeley au pays des merveilles

Mendeley permet aux utilisateurs de partager des références et des fichiers. L’outil a parfois été classé dans les contre-pouvoirs qui contournent le circuit classique de l’édition scientifique. Pourquoi maintenant rejoindre ce qu’il combattait ?

Les membres de Mendeley ont préféré parler à la presse plutôt que de se murer dans le silence. Un article sur leur blog référence l’ensemble des arguments que la startup avance pour justifier le rachat. Pour eux, le mastodonte Elsevier compte comme toute entreprise des éléments bons et moins bons. Les collaborations entre les deux entreprises auraient été plusieurs fois fructueuses. Mendeley cite notamment le moment où, supprimant son propre service de gestion bibliographique, l’éditeur avait fourni une compatibilité d’export des données avec Mendeley en suggérant à ses membres de rejoindre la plateforme de la startup.

Le fondateur de Mendeley, Victor Henning, s’est adressé plusieurs fois à ses usagers après l’annonce du rachat. Dans toutes ses interventions, il dit faire confiance à Elsevier et assure que ce partenariat ne changera ni l’offre ni la conduite de Mendeley. Selon lui, cette nouvelle situation lui donnera à la startup les moyens de se concentrer ses objectifs de manière très indépendante et sans avoir à rendre ses services payants. Depuis ses interventions, les réactions sont moins vives et certaines très positives prospèrent sur web.

Quel est votre avis?

Quelles sont vos réactions sur le sujet? Elsevier essaie-t-il de redorer son blason et de retrouver la confiance de la sphère académique? Si vous êtes utilisateurs allez-vous laisser Mendeley pour un autre outil bibliographique?

À vos commentaires!

— Rédaction: Laurence Bianchini / Réédition et relecture: Lucile Pommier.

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