Diatomées du genre Skeletonema

Il arrive parfois qu'on puisse lire que des biologistes ont pu "redonner vie", après plusieurs années, à des organismes qui se sont trouvés, durant tout ce temps, dans un état dit de dormance. Bien souvent, on peut lire dans ces mêmes articles l'expression "capsule temporelle" comme pour indiquer que ces organismes se sont retrouvés figés dans le temps durant toute cette période. C'est, à n'en pas douter, le genre d'informations exaltantes à lire et propres à stimuler notre imagination et celle de bien des auteurs de science-fiction. Pour le travail de recherche dont il est question ici, il nous faut pousser un peu plus loin la réflexion, quitte à être déçus quelque peu de ce que l'on peut y découvrir par la suite.

On peut y lire que des diatomées (il s'agit d'algues microscopiques), prélevées en mer Baltique et restées en dormance pendant près de 7 000 ans, ont été ramenées à la vie par une équipe de l’Institut Leibniz. C'est sous 240 mètres de sédiments, dans la fosse orientale de Gotland, que furent trouvés ces micro-organismes dans le cadre du projet PHYTOARK. Il faut préciser que ces microalgues photosynthétiques jouent un rôle fondamental dans la production d’oxygène et la régulation du cycle du carbone. 

Avoir réussi à tirer de leur "sommeil biologique" ces micro-organismes a constitué, pour cette équipe, qui y est parvenue, une source d'étonnement à plus d'un égard. D'abord parce que cette capacité à survivre aussi longtemps dans un état de dormance pour l'espèce concernée - Skeletonema marinoi - était jusqu’alors méconnue. Mais ce qui a le plus étonné l'équipe de scientifiques à l'origine de ce travail tient au fait que ces organismes ont retrouvé une activité biologique comparable à celle de leurs descendantes modernes autant pour leur taux de croissance que pour leur activité photosynthétique une fois celles-ci réactivées. Elles sont restées stables au fil du temps malgré des dynamiques environnementales distinctes. Plus intrigant encore, les souches de diatomées "ressuscitées", se répartissent en 6 groupes génétiquement différenciés représentant 6 périodes distinctes sur les quelque 7000 dernières années. 

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Ce sont ces résultats qui conduisent à penser que le génome de ces organismes aurait continué à se modifier durant cette période, et cela en dépit du fait qu'ils aient pu se retrouver dans un état de dormance. Dans un tel cas de figure, ces résultats nous amènent à nous demander si des organismes peuvent évoluer alors qu'ils se trouvent dans des conditions biologiques qui suspendent leur reproduction. 

Si jamais des résultats allaient dans ce sens, alors une autre question pourrait se poser : pourrait-on envisager que, parmi les premiers stades évolutifs, l'un d'eux se soit produit dans une telle configuration où le génome des organismes évoluait en l'absence de processus de reproduction alors que ces formes de vie primitives se seraient trouvées dans un état de dormance permanent? 

Il y a quelques années, j'avais écrit un article qui mettait l'emphase justement sur le fait que les processus évolutifs du vivant pouvaient eux-mêmes évoluer. La teneur de son contenu se cantonnait à aborder cette question de façon générale. Le présent article me donne l'occasion d'offrir aux lecteurs et lectrices la possibilité de reprendre ce questionnement en y incluant cette fois le phénomène mentionné ici, qui pourra éventuellement faire l'objet d'expériences nouvelles ultérieures. 

 

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