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James McCormick vient d'être condamné à 10 ans de prison pour fraude, une condamnation qui vient trop tard pour tous ceux qui ont perdu leur vie à cause de l'ADE 651, un faux détecteur de bombes vendu par cet homme d'affaires britannique.

C'est au début des années 2000 que James McCormick commence à faire la promotion d'appareils de détection d'explosifs sous l'acronyme ADE (Advanced Detection Equipment).

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L'ADE 651 est le plus « perfectionné» de la série. Il consiste en une antenne orientable attachée par une articulation à une poignée en plastique. L'ADE 651 ne nécessitait aucune source d'électricité extérieure, car, d'après McCormick, le système est alimenté par l'électricité statique de l'opérateur. C'est pourquoi il était nécessaire pour ce dernier de «charger» l'appareil avant de l'utiliser. Une opération très simple qui consistait à se frotter les pieds au sol. Ensuite, après qu'une «carte programmée» ait été insérée dans l’appareil, le dispositif était censé pivoter dans la main de l'utilisateur pour pointer l'antenne dans la direction de la substance cible.

Il y avait des cartes pour détecter différents types d'explosifs, mais également de la drogue, des billets de banque, de l'ivoire et même des truffes. La programmation se faisait en plaçant la carte pendant une semaine dans un bocal avec la substance ciblée, ce qui permettait soi-disant à la carte de «capter» les fréquences émises par ces différentes substances. D'après le matériel promotionnel qui accompagnait l'ADE 651, le système était si efficace que la détection pouvait se faire à des distances allant jusqu'à 1000 mètres, cela même si la substance était protégée par du béton ou des parois de plomb. À partir d'un avion, la portée montait à 5000 mètres, mais n'était que de 30 mètres sous l'eau.

En fait, au procès de McCormick, il a été révélé qu'il n'y avait aucune composante électronique à l'intérieur de l'ADE 651. Les douilles des câbles attachées au boitier n'étaient pas connectées et les «cartes programmées» n'étaient reliées à rien. James McCormick avait simplement utilisé le coffret d'un détecteur de balles de golf perdues, que l'on peut se procurer pour une vingtaine de dollars aux États-Unis. Il y avait simplement ajouté une antenne et une étiquette affichant ADE 651.

L'ADE 651 a rapporté une fortune à James McCormick. Avec des détecteurs, qu'il vendait jusqu'à 6000 dollars l'unité, on estime qu'il a amassé des sommes de l'ordre de 85 millions de dollars. En Irak, son plus gros client, uniquement entre 2008 et 2010, James McCormick a vendu 6000 détecteurs, pour un total de 40 millions de dollars. C'est aussi à cette époque que la fraude y a eu les conséquences les plus désastreuses pour ce pays. L'ADE 651 équipait les forces de sécurité postées aux points de contrôle pour empêcher les attentats-suicides et les attaques à la voiture piégée et, rien qu'à Bagdad, les explosions ont couté la vie à plus de 1000 personnes.

Bien qu’il soit rapidement devenu évident que les détecteurs étaient inefficaces, les soldats irakiens ont continué à les utiliser. D'admettre leur inutilité aurait révélé l'existence de tout un système de pots de vin associé à leur adoption. Dans une déclaration rapportée par l'AFP, un soldat avait indiqué: «Le dispositif est un échec à 100% et nous savons cela, mais il nous est imposé, nous ne pouvons pas désobéir aux ordres directs.»

Malheureusement, la saga de l'ADE 651 continue. Paraît-il qu'en dépit de la condamnation de James McCormick, le gouvernement irakien n'a pas pris la peine de retirer ces faux détecteurs de bombe de la circulation.

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