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Le café fume encore. Je m’étouffe… de rage intérieure. Mais si, tu sais, celle qui empreint ton visage d’un sourire, alors que tes entrailles brûlent d’asséner un «Putain de merde!». Disons-le, la lecture d’un billet de blogue est parfois contre-indiquée à la pause café. Celui de David Gorski, chirurgien sceptique, vaut pourtant son espresso. Il y décrit, abasourdi, les dernières élucubrations en date d’évangélistes anti-vaccination. Selon eux, la vaccination s’apparente au viol.

De l’autre côté de la frontière, le blogue américain VaxTruth dispense la bonne parole à qui veut bien l’entendre. Le mouvement anti-vaccination y a trouvé un relais de taille. Un relais qui a frappé les esprits avec un article intitulé Coerced Vaccination and the Medical Rapist et commenté ad nauseam sur Facebook.

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Le titre violent et outrageux n’effraie pas ces opposants aux vaccins, convaincus de combattre les forces du mal représentées par Big Pharma, les gouvernements ou les grands défenseurs de la vaccination comme Paul Offit. Après tout, ils ont bien fait des analogies douteuses entre les vaccins et l’Holocauste ou l’attentat à la bombe d’Oklahoma City.

Alors, comparer la vaccination au viol est un pas de plus vers… la consternation. Une analogie à avoir des hauts le cœur.

Selon Marcella Piper-Terry, auteur de l’article, la procédure médicale qui consiste à protéger les enfants de maladies contagieuses, responsables de mortalité importante, est une agression comparable à une agression sexuelle. Le médecin est même apparenté au violeur, une personne à qui l’enfant a fait confiance et qui en abuse pour compromettre son intégrité. Une coercition médicale inacceptable, d’après elle.

Et, détrompez-vous, ce cas est loin d’être isolé. En 2011, l’Australian anti-vaccination network mis sur pied par la très controversée Meryl Dorey, utilisait la même analogie pour exprimer son mécontentement sur sa page Facebook à la suite d’un jugement ordonnant à une mère de famille, opposée à la vaccination, de vacciner sa fille. «La cour a ordonné le viol d’un enfant. Vous pensez que j’exagère? Pensez-y à deux fois. C’est une agression. Sans consentement et avec pénétration (sic)», écrivait-elle.

La citation met en lumière une malhonnêteté intellectuelle crasse. La perversion des mots en plus. À l’époque, Meryl Dorey avait redéfini le mot viol: «Le viol n’est pas un crime sexuel. C’est un crime de violence, de pouvoir, de colère et de haine.»

Pas un crime sexuel? Y a des limites à la rhétorique et à l’usage frauduleux du vocabulaire. Dans le Petit Robert de la langue française, le viol est un «acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise» (Code pénal français). C’est clair, non?

Pour ramener les anti-vaccins à la raison, commençons donc par leur acheter un dictionnaire. Pas demain, aujourd’hui!

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