Loin des théâtres de guerre ou de catastrophes naturelles, les drones civils s’épanouissent. Déjà très actifs du côté de la surveillance des ouvrages d’art (ponts et barrages), ils prennent un envol prometteur du côté agricole. Au Japon, 95 % de l’épandage de pesticides, traditionnellement effectué par hélicoptère, est désormais l’œuvre de drones.
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La viticulture ne s’est pas fait prier. Propriétaire du Château Pape-Clément, grand cru classé de Graves, Bernard Margrez a été l’un des premiers à lâcher un drone au-dessus de ses vignes. Objectif de l’oiseau nouveau genre : analyser la vigueur de la vigne à l’aide de capteurs infrarouges et d’une caméra embarquée, et en dresser une carte fidèle parcelle par parcelle. Dans la mire aussi, mesures de la maturité du raisin et du stress hydrique de la plante.
La viticulture de précision est à portée des vignerons, l’investissement lui est conséquent : de 75 000 à 150 000 dollars selon le modèle d’aéronef et le logiciel de traitement de données. Le drone est avant tout la résultante d’une stratégie : optimiser le temps d’exploitation des ressources humaines et mécaniques et ultimement faire progresser la qualité du vin.
En France, la région Aquitaine cofinance depuis plusieurs années un projet baptisé Vitidrones qui vise à soutenir ce type de viticulture. En Australie, en Espagne ou même en Californie, les grands vignobles ont intégré l’utilisation de drones à leurs pratiques viticoles.
Mais au-delà d’une meilleure exploitation, l’environnement pourrait aussi bénéficier de l’avènement des drones. À l’horizon 2018, le plan Ecophyto prévoit une réduction de 50 % des intrants phytosanitaires dans le vignoble français. Certains industriels travaillent donc sur des drones capables de détecter les maladies et donc de permettre un traitement mesuré et ciblé.
Satellites, ici la Terre! Par sa précision et sa souplesse d’utilisation, le « bourdon mécanique » permet de différencier vigne et herbe folle entre les rangées et distingue ainsi le stress hydrique du pied de vigne de celui de deux brins d’herbe. Ce que ne peuvent pas faire les satellites. Pourtant, il lui faut de temps à autre regarder un peu plus haut dans les cieux. Dans le noir sidéral. À 900 kilomètres d’altitude opèrent des cousins éloignés bien plus rapides que lui. 500 hectares couverts en 8 secondes. Difficile d’arriver à la cheville des satellites Spot-5 ou Formosat-2 et du système Oenoview opérationnel depuis 2009 et mis au point par le groupe EADS Astrium et l’Institut coopératif du vin.
Certains grands crus bordelais ne jurent que par les cartes satellitaires. Indicateur de précision : l’activité chlorophyllienne des feuilles de vigne. De quoi optimiser la fertilisation au printemps, l’entretien des sols et la taille en hiver et la récolte du raisin à maturité à l’automne. En France, ce système couvre environ 20 000 hectares (à peine 3 % du vignoble français), principalement dans le Languedoc-Roussillon, le Bordelais, les côtes de Gascogne et les côtes du Rhône.
A priori, l’avenir est à la combinaison des forces. C’est en tout cas le pari du EarthLab, situé près de Bordeaux, qui a pour vocation de développer les services de télédétection dédiés notamment aux filières de la vigne à partir d’imagerie satellite et de drone. Selon eux, le satellite réalisera des observations sur de grandes zones en une seule image. Lorsqu’il détectera une anomalie sur une parcelle, un drone sera envoyé sur place pour vérification.
Un constat tout de même : le drone a beau être multitâche, il ne remplace pas un laboratoire d’analyse (acidité, sucre, concentration phénolique). Enfin, pas encore!