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Dans le sous-couvert forestier, des milliers de petits candidats - les semis - espèrent à l’ombre de leurs pairs. Survivant grâce aux miettes de lumière qui filtrent à travers la canopée, ils attendent patiemment leur tour. Un jour, un de ces centenaires, sous le vent ou sous la scie, fléchira... et sa chute ramènera la précieuse lumière au sol, la précieuse source de croissance qui déclenchera la course vers le sommet. Il faudra croître, toujours plus haut, cumuler, surpasser le voisin, être compétitif afin de mériter sa place au soleil… mais ceci est une autre histoire ! Pour le moment, rappelons-nous que tout n’a pas toujours été comme ça.

Muter pour évoluer

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Tout commence il y a un peu plus de 380 millions d’années, alors que l’ivresse des hauteurs était encore totalement inconnue de tout organisme vivant sur terre. La vie animale se retrouvait principalement dans les océans tandis que les plantes rampaient à la surface des terres émergées.

Cependant, la théorie de l’évolution, émise par Darwin en 1859, elle, était déjà bien à l’œuvre. En effet, depuis l’origine de la vie, les espèces animales et végétales subissent aléatoirement des modifications de leur code génétique leur permettant d’exprimer de nouvelles caractéristiques.

Bien que rarement intéressantes, et même souvent mortelles, certaines de ces mutations ont permis aux individus qui en étaient dotés de mieux "performer" dans leur milieu ou encore de pouvoir explorer et coloniser de nouveaux milieux jusque-là inhospitaliers. Parmi ces mutations, il en est une, chez les plantes du dévonien, qui bouleversa les choses… celle de la synthèse de la lignine.

La lignine

Sous ses apparences plutôt banales, la lignine est un composé organique pas tout à fait ordinaire. En effet, nous pensons aujourd’hui que la première fonction de la lignine était de permettre à la cellule végétale d’excréter les déchets toxiques de son métabolisme.

Cependant, la propriété la plus remarquable de la lignine demeure celle d’être un « polymère », c’est-à-dire qu’elle peut s’associer avec d’autres molécules identiques à elle-même afin de former des chaines immenses et solides. Ainsi, les déchets excrétés sous forme de lignine sont immédiatement recyclés pour construire, en se liant à la cellulose de la paroi cellulaire, de véritables murs autour des cellules qui la produisent.

Lorsque plusieurs cellules adjacentes d’une plante synthétisent ces murs de lignine, ceux-ci se joignent les uns aux autres et forment une structure solide, inerte, poreuse et difficilement putrescible que l’on connaît mieux sous le nom de bois. Et même après la mort de la cellule, la rigidité de la structure demeure, permettant à la plante de continuer son ascension sur des bases solides.

Une ascension vers la lumière

Revenons maintenant à nos plantes du dévonien en pleine évolution. Vous l’aurez compris, ces plantes préhistoriques n’avaient pas pour dessein de créer un matériau qui, dans quelques centaines de millions d’années, serait très utile pour la construction de tables, de chaises ou encore de maisons.

L’utilité de ce bois allait être bien plus « égoïste » et surtout devenait une question de survie. En cette lointaine époque, toutes les plantes demeuraient à la surface du sol et la compétition pour la lumière devait être féroce et mortelle. La capacité à produire du bois allait donc devenir un moyen de se libérer de cette pression.

En solidifiant leur tige grâce au bois, ces plantes, maintenant devenues des arbres, allaient pouvoir se dresser et croître verticalement pour surpasser leurs rivaux et chercher l’espace et la lumière... plus haut, toujours plus haut. Les arbres allaient conquérir le ciel sans plus de limites, ou presque.

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