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Un maillot qui sent la transpiration ? Plutôt facile d’en déduire que vous avez fait du sport. En Écosse, Joy Milne, va plus loin : elle peut sentir sur vos affaires si vous souffrez de la maladie de Parkinson. Des chercheurs de l’Université de Manchester ont découvert que des molécules odorantes, marqueuses de la maladie, sont présentes sur la peau et donc dans vos vêtements ! Ces molécules donnent un léger parfum aux malades, d’après une étude parue dans la revue ACS Central Science il y a quelques jours. De quoi percer le mystère du nez exceptionnel de Joy, avec qui les chercheurs ont collaboré.

— Aurélie Lacroix

En 2015, Joy Milne perd son mari des suites de la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative, toujours sans traitement. Bien avant le diagnostic des médecins, Joy avait déjà remarqué un changement d’odeur chez son mari. « J’ai essayé de lui faire prendre plus de douches et de se brosser les dents », avait-elle déclaré. L’odorat exceptionnel de Joy lui permet de reconnaitre cette odeur particulière chez d’autres personnes, et de prédire la maladie. Les équipes des chercheurs anglais Dr Goodacre et Dr Barran y ont vu une opportunité pour développer une méthode de détection simple et rapide de Parkinson.

Identifier un cocktail de molécules…

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Pour cette étude, les chercheurs ont reçu des chandails portés par des patients atteints de Parkinson. En contact avec la peau, les chandails s’imprègnent du sébum produit dans le dos des malades. Le sébum est une substance grasse que l’on retrouve en haut du dos, sur le torse et le visage. Les chandails sont ensuite chauffés à 60ºC. Sous l’effet de la chaleur, les molécules s’évaporent. Le gaz est injecté dans une colonne de chromatographie qui permet de séparer les molécules les unes des autres selon leurs propriétés chimiques. Ainsi, les molécules ressortent une par une de la machine. Les chercheurs peuvent alors identifier ces molécules et en dresser la liste. Ils ont aussi demandé à Joy de sentir les échantillons des différentes molécules, et de leur dire lesquelles sentaient la maladie de Parkinson. Ils ont ainsi découvert 17 molécules odorantes, caractéristiques de la maladie, dans leur premier groupe de patients, 9 de ces 17 molécules sont facilement séparables et identifiables. 

… et recréer l’odeur de Parkinson

L’expérience a été reconduite chez un deuxième groupe de patients. Les mêmes molécules ont été trouvées. En mélangeant les molécules entre elles, les chercheurs ont ensuite recréé l’odeur de Parkinson en laboratoire. Un parfum à l’odeur musquée ? C’est en tout cas la description qu’ils en ont faite.  Ces molécules seraient présentes sur la peau à cause d’un déséquilibre de la flore bactérienne, une conséquence de la maladie. Les chercheurs précisent que ces molécules ne sont pas forcément les seules à contribuer à l’odeur de Parkinson, mais en sont caractéristiques.

Détecter Parkinson plus tôt

L’étude a été menée sur 60 patients provenant de 25 cliniques différentes au Royaume-Uni, ce qui reste un nombre assez petit, comme le rappelle les auteurs. L’équipe de chercheurs souhaiterait mener une étude à plus grande échelle, avec plus de patients, en utilisant d’autres nez humains… mais aussi l’odorat des chiens. « Rien n’aurait été possible sans Joy », a indiqué Dr Barran, qui voit cette découverte comme une nouvelle opportunité dans la détection précoce de la maladie.

Ce n’est pas le premier cas d’utilisation de l’odorat comme détection des maladies : des méthodes de détections olfactives des cancers sont développées aux États-Unis.  

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