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Des millions de cas de malaria supplémentaires, se traduisant par des milliers de morts qui auraient pu être évités. Et plus de 6 millions de nouvelles infections au VIH sur cinq ans, se traduisant par plus de 4 millions de morts évitables. Ce sont deux des estimations sur les impacts qu’auront les milliards de dollars coupés cette année dans l’aide internationale aux programmes de santé.

En tête de liste: plus de 10 milliards$US aux divers programmes de santé de l’Agence américaine d’aide au développement (USAID), éliminés dès l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, en janvier 2025 (et le démantèlement subséquent presque complet de l’USAID). Mais aussi des coupes qui ont moins fait les manchettes, dans les programmes d’aide internationale français, allemands et britanniques. En novembre, l’Organisation mondiale de la santé annonçait des coupes majeures de 25% dans son budget 2026. 

En juillet, un rapport évaluait que les fonds versés à la santé dans les pays en voie de développement diminueraient de 39,1 milliards$ cette année —une perte de 21%. 

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L’estimation de l’impact sur la malaria provient d’une étude parue en juin dans la revue médicale The Lancet. L’estimation du nombre de cas de sida porte sur les années 2025 à 2029 et provient d’un rapport du Programme des Nations unies sur le sida paru en avril. L’estimation sur la perte de 39 milliards$ provient d’un rapport de l’Institute for Health Metrics and Evaluation, un organisme à but non lucratif basé à l’Université de Washington. 

Ces dernières estimations restent sujettes à débats. La Chine pourrait décider d’investir davantage pour prendre la place des États-Unis dans les programmes de santé en Afrique. Des philanthropes pourraient eux aussi investir davantage. Des années de campagnes de prévention et de sensibilisation —notamment dans la lutte contre le sida— pourraient avoir entraîné des changements de comportements. Mais il est certain que, dans la grande majorité des cas, les autorités de la santé des pays qui recevaient cette aide n’ont pas les moyens de prendre la relève pour des choses aussi élémentaires que la distribution de condoms ou de moustiquaires —la malaria est causée par un virus transmis par un moustique— et encore moins pour combattre la malnutrition.  

Ce qui est également certain, c’est qu’en attendant une éventuelle réorganisation, en 2025, toutes sortes de programmes nationaux ou internationaux de lutte contre la tuberculose ou la malaria, ou des programmes de suivi de la santé des femmes enceintes, ont été ralentis, voire carrément mis à l’arrêt dans certains pays. Ainsi que des livraisons de médicaments, de vaccins, de nourriture ou d’équipements médicaux.

Comme le rappelle la revue Science dans son bilan de fin d’année, parce que la plupart des pays les plus pauvres n’ont même pas de compilation systématique des causes de décès, l’impact précis des coupes sur telle ou telle maladie pourrait ne jamais être connu. 

Mais ce qui est sûr, c’est que l’aide à la « santé globale » qui avait survécu pendant des décennies à toutes sortes de changements de gouvernements et avait bénéficié d’appuis transcendant les partis politiques, pourrait fort bien être entrée dans une phase de décroissance dont une partie de la planète va subir les conséquences.

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