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Bien avant l'introduction des techniques médicales modernes – tests sanguins, de résonance magnétique nucléaire (RMN) et autres –, les médecins utilisaient leur sens de l'odorat comme outil de diagnostic.

À l'école de médecine, on leur apprenait à associer les odeurs émanant d'un patient à la maladie dont il pouvait souffrir. Une odeur de « poulet plumé » suggérait la rubéole, celle de « pain frais » la fièvre typhoïde et « l'étal de boucher » la fièvre jaune. Mais les capacités olfactives de l'humain sont limitées et le nez est incapable de détecter tous les changements chimiques causés par la maladie. C'est pourquoi les chercheurs s’intéressent à créer un « nez artificiel » capable de diagnostiquer la maladie à l'odeur mieux que ne le ferait un médecin. Au cours des 30 dernières années, plus de 3 000 composés chimiques qui sont soit expirés, exsudés ou excrétés par le corps humain ont été répertoriés. Le défi des chercheurs est maintenant de les cataloguer afin de déterminer lesquels de ceux-ci sont des « marqueurs » pour certaines maladies.

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Il n'est pas étonnant que les chiens, avec leur sens aigu de l'odorat, aient été les premiers à être recrutés pour contribuer à cette nouvelle discipline de diagnostic olfactif. En 2004, la Dre Carolyn Willlis, de l'Hôpital Amersham, en Grande-Bretagne, a démontré qu'il était possible d'entraîner des chiens à détecter des cancers de la vessie en leur faisant renifler l'urine des patients. Dans le cadre de cette étude très sérieuse, menée en double aveugle, les chiens se couchaient devant l'échantillon provenant du patient cancéreux. D'autres études ont depuis suggéré que les chiens sont également capables de détecter des cancers de la prostate et de la peau.

Mais d'entraîner des chiens à renifler les cancers n'est pas l'outil le plus efficace. Ce qui nous amène au travail de chercheurs de l'Institut Monell de Philadelphie, une institution spécialisée dans les domaines des sens. Ceux-ci viennent de démontrer que le profil des composés volatils libérés par la peau change de manière significative chez les patients souffrant de carcinomes baso-cellulaires. Pour cela, l'équipe américaine a fait appel à un « nez électronique ». L'appareil a analysé les molécules odorantes produites par ces tumeurs et les a comparées à celles produites par une peau saine*. Les résultats de l'étude ont clairement indiqué que pour le dimethyl sulfone et le 6 methyl-5-hepten-2-one, par exemple, les concentrations étaient beaucoup plus faibles chez les personnes souffrant de cancer. Fait intéressant, l’humain n’est pas capable de détecter le dimethyl sulfone, d’où l'intérêt d'un nez électronique. D'après les chercheurs, l'utilisation de ce genre d'appareil ouvre la voie au développement d'une nouvelle technique de détection précoce, et non invasive du cancer. Cependant, elle n'offrira peut-être pas aux patients le même réconfort que pourrait le faire un chien...

___ *Un des défis de l'expérience était de pouvoir éliminer toutes les odeurs causées par les produits d'hygiène courants de la vie moderne, fortement parfumés. Les patients ont dû s'abstenir d'utiliser des parfums et des déodorants et se laver seulement avec du savon et des shampoings neutres. De plus, pendant les dix jours de l'étude, on leur a demandé de ne porter que des vêtements neufs non lavés. L'étude n'indique pas qui a payé les coûts supplémentaires engendrés par ces contraintes.

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