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Dans le rapport « De biomasse à… biomascarade » Greenpeace plaide pour une utilisation intelligente de la biomasse à des fins énergétiques. Aux quatre coins du Québec, des coopératives forestières comptent bien tirer profit de cette nouvelle opportunité de développement économique régional. La Coopérative forestière de Girardville en est un bon exemple avec son projet de « biomasse clé en main ».

« On invite les coopératives à se battre pour des projets locaux à petite échelle afin de rétablir crédibilité de la filière », a commenté Nicolas Mainville, biologiste chez Greenpeace. Jérôme Simard, directeur général de la coopérative de Girardville (CFG) se réjouit de ce gage de confiance envers les coopératives. « Nous sommes une entreprise régionale qui est là pour rester. On a tout intérêt à bien gérer notre ressource, sinon on en souffrira. Et les normes s’améliorent avec l’acquisition de connaissances sur le sujet. »

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Tout comme le mentionne Greenpeace, Jérôme Simard croit qu’il vaut mieux se concentrer sur la production de chaleur qui est beaucoup plus efficace que la production d’électricité seule.

Convertir son système de chauffage au mazout pour une énergie renouvelable, qui coute moins cher de surcroit, n’aura jamais été si facile. Depuis près d’un an, CFG énergie, une filiale de la Coopérative forestière de Girardville, offre un service clé en main de chauffage à la biomasse.

« On ne vend pas de la biomasse, on vend de l’énergie à nos clients. On s’occupe de tout, la bouilloire, l’entretien, l’approvisionnement. En plus de réduire les coûts de chauffage, la biomasse permet de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Mais le plus important, c’est que 100 % de l’argent reste dans l’économie locale et on consolide les emplois en région », explique Jérôme Simard avant d’ajouter : « Nous sommes les premiers à vendre la biomasse sous la forme clé en main et on est victime de notre succès. » 18 bouilloires ont déjà été installées et CFG énergie installera 80 autres bouilloires au cours des prochains mois.

UN PRIX COMPÉTITIF Pour l’instant, la biomasse est légèrement moins chère que le mazout. Si on se base sur les prix de 2010, alors que le mazout se vendait à 0,72$/litre, la biomasse serait de 5 à 10 % moins chère. À long terme, l’avantage économique de la biomasse sera de plus en plus grand, car 50 % de la valeur du prix de l’énergie correspond à l’achat de la bouilloire comparativement à 10% pour le mazout. Ce qui veut dire que le chauffage à la biomasse a 50 % de frais variables comparativement à 90 % pour le mazout. Le prix des combustibles fossiles influence 15 % du prix de la biomasse (transport, machines, etc). L’étude de faisabilité a révélé que le prix du chauffage à la biomasse serait de 9,65 cents/kW*h comparativement à 9,75 cents/kW*h pour le mazout (au prix de 2010 à 0,77 $/litre).

La clientèle ciblée est commerciale et institutionnelle comme les écoles, les garages ou les épiceries. Par exemple, Nettoyeur NetPlus à Normandin est un très gros utilisateur d’eau et d’énergie. Pour être plus écologique et sauver de l’argent, il a donc opté pour un système à la biomasse pour produire sa vapeur et récupérera son eau de pluie.

Pour l’instant, CFG énergie se concentre sur la production de chaleur exclusivement, mais la porte reste ouverte pour la production d’énergie un jour. « Seulement 20 % de l’énergie de la biomasse peut être transformée en électricité. On préfère se concentrer sur le 80 %. Un tel projet de production d’électricité et de chaleur à la biomasse serait idéal dans les régions éloignées qui ne sont pas reliées au système d’Hydro-Québec. C’est même ridicule que ça ne se fasse pas encore… au lieu d’utiliser du mazout », estime M. Simard.

INVESTISSEMENTS MAJEURS Il faut avoir les reins solides pour offrir ce genre de service clé en main. En tout, CFG énergie fera des investissements de 113 millions $ en cinq ans en partenariat avec l’Agence d’efficacité énergétique du Québec et les Caisses populaires Desjardins. « Chaque bouilloire qu’on installe coûte entre 100 000 et 300 000 $. Pour rentabiliser notre investissement, on signe des contrats de 15 ans. Si le client fait faillite, on ramasse notre bouilloire et on l’utilise ailleurs. »

Certaines entreprises ont connu des problèmes d’approvisionnement après avoir installé une bouilloire à biomasse, car les activités de chauffage et de récolte étaient séparées. « On ne peut pas être plus intégré que ça. On intègre toutes les activités, de la récolte de la biomasse, en passant par la granule, le transport, l’installation et l’entretien des bouilloires. »

Comment réussir à intégrer toutes ses activités sans se planter ? Tel un vieux sage, Jérôme Simard répond avec le vieux dicton : « Chacun son métier et les moutons seront bien gardés. On voulait être en mesure de donner un service professionnel rapidement. On s’est donc associé avec des entreprises complémentaires à nos activités. » Granules LG de Saint-Félicien transforme les granules. La Coopérative des 2 rives transporte le matériel. Pétrosol assure le service de techniciens d’entretien et de camions services. Une nouvelle firme d’ingénierie en bioénergie est responsable des plans et devis, subventions et le service après-vente. Au milieu de tout ça CFP énergie se charge de la coordination et de la gestion des bouilloires.

De plus, la CFG a récemment lancé Résomass, une compagnie d’intégration de la chaine de valeur de valeur de la biomasse, en partenariat avec le groupe Pétrosol et une société d’investissement privée. Cette compagnie permettra d’exporter le modèle de CFG énergie partout en province et de profiter de l’expertise de l’entreprise.

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