Le Penseur d'Auguste Rodin au Musée Rodin dans le Quartier des Invalides, 7e arrondissement de Paris

Nous savons qu'il existe au moins 2 types de mémoire : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme et c'est sans doute plus compliqué que cela comme nous allons le voir dans un instant. Comme la mémoire intervient dans l'apprentissage, on peut se demander si le cerveau fait appel aussi à différents systèmes d'apprentissage.

Dans un article de l'Agence Science-Presse, on rapporte une étude publiée récemment qui jette un éclairage sur un apprentissage mettant en cause un empoisonnement alimentaire. Qu'on me permette de citer l'article de l'ASP : « Dans leur article publié en avril dans la revue Nature, ces 18 auteurs décrivent un parcours neuronal qui semble être une signature propre à un empoisonnement alimentaire. S’il s’avère que l’équivalent se produit dans notre cerveau, ça pourrait expliquer pourquoi on se souvient aussi bien d’un tel événement. [...] Mais le mécanisme qu’ils décrivent est inédit, parce qu’il peut s’écouler un long moment entre l’absorption d’un aliment et les premiers symptômes d’un empoisonnement. D’ordinaire, les mécanismes étudiés par les neurosciences sont ceux qui permettent une relation de cause à effet directe : par exemple, la souris appuie sur un lever, et elle reçoit immédiatement une récompense. » Et Richard Palmiter de l'Université de Washington à Seattle de préciser : «... même un délai d'une minute entre la cause (par exemple, actionner un levier) et l'effet (obtenir une friandise) suffit à les empêcher d'apprendre » alors que l'étude rapportée ici a mis en évidence un délai de 30 minutes chez la souris dans le processus qui a permis la mémorisation d'un lien de cause à effet entre une saveur et un malaise gastrique. Clairement, cela nous indique deux processus d'apprentissage distincts. L'étude en question mentionne d'ailleurs que l'intestin signale au cerveau un malaise par le biais de neurones spécifiques, appelés neurones CGRP.

Apprentissage généraliste versus apprentissage spécialisé

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Mise à part, bien sûr, la mémoire du système immunitaire, d'autres systèmes liés à l'apprentissage pourraient possiblement être découverts dans les années qui viennent. Là, où je souhaite orienter notre réflexion dans cet article-ci, me conduit à nous interroger sur deux types de systèmes d'apprentissage possible, à savoir un type de système d'apprentissage généraliste versus des systèmes pour des types d'apprentissage particuliers. L'évolution a-t-elle doté les systèmes nerveux de ces deux types de systèmes? Imaginons tout d'abord que n'existent que des systèmes d'apprentissage spécifiques pour chaque situation. Combien en faudrait-il? Sans doute un grand nombre, mais il faudrait aussi que le système nerveux coordonne l'activation de tous ces systèmes. Dès lors, cette coordination centrale ne conduirait-elle pas à l'émergence d'un système d'apprentissage généraliste? D'autre part, l'étude mentionnée ici tend à nous suggérer que certains processus physiologiques semblent trop distincts pour être englobés dans un système d'apprentissage généralisé si bien qu'il se pourrait que les deux types de systèmes coexistent. 

Certes, des recherches poussées en neurophysiologie et neuropsychologie seront nécessaires pour trancher cette question. Cependant une remarque issue du domaine de l'informatique peut nous inciter à penser que les deux modes de traitements pour acquérir de nouvelles informations doivent fonctionner de concert. Chez l'être humain du moins, la cognition s'étend sur un domaine si diversifié qu'il semble presque inconcevable qu'elle ne fasse appel qu'à des systèmes spécialisés pour chaque type de situation. Pourtant, rejeter du revers de la main la présence de processus spécialisés semble tout aussi problématique. La raison en serait la suivante : faire usage d'un système d'apprentissage généraliste pour certains traitements d'informations cantonnés à des domaines bien spécifiques demanderait beaucoup trop d'énergie. Par exemple, selon Sasha Luccioni, il est possible d'utiliser ChatGPT pour résoudre un simple problème de calcul mais, ce faisant, cette procédure exigerait 100 000 fois plus d'énergie qu'une calculatrice sur un téléphone portable. Comme le cerveau, et a fortiori le cerveau humain, est un modèle d'économie énergétique, on peut penser qu'il va aiguiller vers des systèmes spécialisés le traitement d'informations particulier pour ne faire appel seulement à un système généraliste que pour d'autres situations problématiques à résoudre.

 

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