Je viens tout juste de terminer la lecture de quelques communiqués en préparation au Département de physique, dont un qui concerne des étoiles à atmosphère de carbone et un autre, un comportement inusité dans des matériaux à fermions lourds... Tout ça, après mon billet de la semaine dernière sur des bandes dans les matériaux.

C'est déprimant...

La physique contemporaine, depuis la fin du XIXe siècle, a construit un univers ignoré de la grande majorité de la population. La mécanique quantique, qui a pourtant célébré ses 80 ans l'année dernière, est aussi incomprise que lors de sa découverte. À qui la faute?

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Jusque vers 1880, les expériences montées par les scientifiques pouvaient être reproduites sans problèmes par n'importe qui avec un intérêt pour la manipulation et un minimum d'équipement. Même au début du siècle, de grands scientifiques comme Ernest Rutherford, découvreur que la radioactivité impliquait une désintégration des éléments chimiques, pouvaient se vanter de faire ses expériences sur des montages de fortune. Mais à mesure que l'on s'intéressait à des conditions de la matière loin de notre quotidien, les appareils sont devenus spécialisés, si bien que seuls des experts peuvent les construire et les manipuler.

Le monde qui nous entoure est devenu si abstrait qu'il ne peut être compris qu'après de longues études. Et encore, seulement si on se confine à une toute partie de cet univers. J'ai beau être physicien, Ph. D., postdoc et professeur, je ne comprends pas en détail les récentes annonces faites, par exemple, sur les supraconducteurs ou les étoiles à atmosphère de carbone.

Bien sûr, je sais que si je passais une semaine ou deux à étudier ces articles, tout m'apparaîtrait assez clair; j'ai déjà pas mal de bagage. Je sais aussi que je n'ai pas vraiment le temps. Dans deux semaines, de toute façon, de nouvelles découvertes seraient annoncées qui me forceraient à me replonger dans un autre domaine de la physique.

Et pourtant, je ne changerais pas de domaine. La beauté de la physique, c'est aussi sa complexité. J'adorerais pouvoir discuter en détail des propriétés des verres avec le premier quidam, mais pour en comprendre les détails les plus fins, il faut plusieurs années d'étude. Que voulez-vous, le Vieux (comme l'appelait Einstein) n'a pas lésiné sur les mystères.

Pour autant, il ne faut pas baisser les bras. Si je n'ai pas l'occasion de plonger dans les profondeurs de la théorie des systèmes désordonnés avec le premier venu, il est quand même possible de transmettre une partie de l'essentiel et d'indiquer les grandes lignes de cette histoire fantastique.

Après tout, même si je ne peux pas vraiment m'imaginer ce qu’a l'air une étoile à atmosphère de carbone, sa simple existence suffit à me ravir.

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