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confusion relativement aux facteurs… de risque. Cette semaine, deux manchettes ont retenu mon attention.

Dans les deux cas, elles traitaient de résultats d’études publiées dans des journaux de l’American Medical Association. Depuis plusieurs années, la publication d’études favorise la consommation de vitamines pour la prévention de maladies. Mais le vent tourne; on constate l’amorce d’une nouvelle tendance. La première étude, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), nous apprend que la prise de suppléments de vitamine E augmente le risque de cancer de la prostate chez les hommes en bonne santé. La seconde, publiée dans Archives of Internal Medicine , soutient que chez la femme, la prise de suppléments alimentaires augmente le risque de décès prématuré.

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Examinons tout d’abord les données de l’étude aléatoire publiée dans JAMA et menée auprès de plus de 35,000 hommes, partagés en différents groupes. Après 10 ans, l’étude a mis en évidence que la prise quotidienne, chez l’homme, de 400 unités internationales de vitamine E, augmentait de 17% le risque de développer un cancer de la prostate. Précisons qu’un placebo était administré aux sujets faisant partie du groupe témoin. Bien que 17% soit un chiffre important, la réalisation d’une telle étude pose un problème éventuel, à savoir: Comment ce chiffre a-t-il été obtenu? Il est difficile de confirmer que les deux groupes étudiés sont bel et bien équivalents. Quoi qu’il en soit, l’étude présente d’importantes données qui soulignent, une fois de plus, qu’un nutriment —dans ce cas une vitamine— ne doit pas être considéré comme un médicament, même à titre préventif. Un concept que j’ai déjà d’ailleurs dénoncé par le passé (Ariel Fenster).

Les résultats de l’étude publiée dans Archives of Internal Medicine suscitent davantage la controverse. Dans le cadre de cette recherche, des scientifiques finlandais ont évalué les données obtenues auprès de plus de 38,000 femmes de l’Iowa, aux États-Unis, âgées en moyenne de 61,6 ans. À trois reprises, en 1986, 1997 et 2004, elles ont rapporté leur consommation de suppléments alimentaires au cours des années précédentes. En décembre 2008, plus de 15 000 d’entre elles étaient décédées (40%). L’analyse des résultats a permis de conclure que la prise de suppléments alimentaires augmente les risques de décès de 2,4%. Néanmoins, de nombreuses raisons font que j’attache très peu d’importance à ces résultats.

Dans cette étude épidémiologique, portant sur des cas-témoins, on a comparé des sujets qui prenaient un supplément (cas) à d’autres qui n’en prenaient pas (témoins). Ce type d’études, appelées rétrospectives, se fondent sur de nombreux a priori. Il y a tout d’abord celui de la mémoire; les sujets doivent se souvenir de la fréquence de prise des suppléments. Cela est sans compter les facteurs confondants; il est possible que les sujets qui prennent des suppléments, se croyant protégés, négligent leur alimentation ou d’autres aspects de leur santé. Ces études ne sont réellement valables que lorsqu’elles mettent en évidence d’importances différences quant aux risques. Par exemple, chez les fumeurs, le risque de développer un cancer du poumon est de 3,000 %, par rapport aux non-fumeurs. En comparaison, un maigre 2,4 % paraît anodin. En fait, la seule conclusion que l’on puisse tirer de cette étude est celle-ci: si vous prenez déjà des suppléments, il n’y a pas lieu d’arrêter, et si vous n’en prenez pas, il n’y a pas lieu de commencer. Dans le dernier cas, il suffit d’avoir une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes; ce qui, de toute façon, est recommandé.

The Long Island Breast Cancer Study Project (LIBCSP)

Au début des années 1990, des groupes de pression ont mené une campagne soutenue en faveur de la réalisation d’une étude visant à déterminer les causes du taux élevé de cancer du sein dans le nord-est des États-Unis, et en particulier à Long Island. Ces pressions donnèrent lieu à la LIBCSP ( Nature ), l’une des études épidémiologiques les plus importantes, et certainement les plus coûteuses menées à ce sujet. Après plus de 10 ans d’investigations et un investissement de 30 millions de dollars, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que, contrairement à ce que soutenaient les militants, les facteurs environnementaux, tels que pesticides et champs électromagnétiques, n’entraînaient pas un risque marqué de développer un cancer du sein. En revanche, d’autres facteurs, dont la richesse, étaient à considérer. Leur constat: un niveau de vie élevé augmente les risques de développer un cancer du sein. Cette étonnante donnée est un bon exemple de facteur confondant. En effet, plus le niveau socioéconomique d’une femme est élevé, moins elle aura d’enfants, et ses grossesses auront lieu à un âge plus avancé. Or, de nombreuses études ont mis en évidence que le risque augmente avec le nombre de cycles menstruels précédant la première naissance. Durant cette période, le corps de la femme est exposé à des niveaux d’œstrogène supérieurs, ce qui augmente le risque de cancer du sein.

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