Le vaccin RRO a été introduit dans les années 1970 et 1980. On voulait alors prévenir la rougeole qui causait environ 770 000 morts par année. Ce traitement présentait aussi l'avantage de protéger contre les oreillons, responsables de problèmes neurologiques ou de surdité, et contre la rubéole, une maladie peu dangereuse en soi, mais qui s'avère parfois fatale pour un bébé exposé pendant la grossesse.
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Toutefois, en 1998, un article paraît dans le prestigieux journal scientifique The Lancet, créant une onde de choc, vite reprise par les médias. Les auteurs, sous la direction du Dr Wakefield, proposent un lien entre le vaccin RRO et l'autisme.
Cette étude consiste en fait en l'analyse de 12 patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques intestinales et d'autisme. En se basant sur le fait que chez 8 de ces enfants, le médecin traitant ou les parents font un lien entre l'administration du vaccin et leur condition, les chercheurs émettent l'hypothèse suivante. Lors de la vaccination, une infection persistante par le virus de la rougeole s'installerait dans les intestins des enfants et causerait de l'inflammation. Cette situation engendrait par la suite des problèmes au niveau du développement neurologique, c'est-à-dire l'autisme.
Dès la publication de l'article, des objections s'élèvent. Premièrement, certains experts font remarquer que les causes de l'autisme sont largement génétiques. La maladie se développerait donc avant la naissance, c'est-à-dire longtemps avant l'administration du vaccin RRO. Deuxièmement, l'étude comporte plusieurs faiblesses expérimentales : un échantillon trop petit et pas de comparaison avec un groupe contrôle. Enfin, rien ne semble confirmer un lien entre les problèmes intestinaux et l'autisme. Les chercheurs n'ont pas pu isoler des virus de la rougeole dans les selles des enfants et l'apparition de la maladie intestinale ne précède pas celle de l'autisme comme on pourrait s'y attendre selon l'hypothèse de Wakefield.
Bien vite, des doutes remettent en cause la crédibilité de l'article. De plus, on sait maintenant que Wakefield conseillait les avocats de parents qui croyaient que le vaccin RRO était responsable des problèmes de leurs enfants. Cette apparence de conflit d'intérêts n'avait pas été mentionnée à The Lancet au moment de la publication, ce qui est pourtant essentiel éthiquement en recherche. Considérant la possibilité que les chercheurs aient manipulé les résultats, le journal a officiellement retiré l'étude par la suite. La réponse de la communauté scientifique Toutefois, pour certains parents, l’inquiétude demeure. Et si Wakefield avait mis le doigt sur quelque chose? S'il existait réellement un lien entre le vaccin RRO et l'autisme? Plusieurs scientifiques ont tenté de répondre à cette question.
Par exemple, une étude réalisée à Londres a analysé 498 cas d'autismes entre 1979 et 1999 en se basant sur les registres de vaccination. Les chercheurs ont d'abord remarqué que la fréquence de l'autisme n'avait pas augmenté après l'introduction du vaccin RRO en 1988. Par ailleurs, l'âge de la vaccination ou le fait d'être vacciné ou non ne modifiait pas l'âge de l'apparition des symptômes d'autisme. Enfin, il n'y avait pas plus d'enfants vaccinés chez les enfants autistes que chez les autres.
En Californie, des scientifiques ont comparé l'évolution de la vaccination RRO à celle des troubles autistiques entre 1980 et 1994. Leur analyse n'a pas trouvé aucun un lien entre le vaccin et l'autisme.
Une étude réalisée en Finlande apporte aussi des informations intéressantes. Sur 3 millions d'enfants vaccinés, seulement 31 enfants ont rapporté des problèmes intestinaux à la suite de l'administration du vaccin. Aucun de ces enfants n'a toutefois démontré de symptômes autistiques, ce qui invalide l'hypothèse de Wakefield.
Enfin, des chercheurs danois ont étudié 537 303 enfants entre 1991 et 1998. De ce nombre, 82 % ont reçu le vaccin RRO. Chez les enfants vaccinés, 0,06% ont développé de l'autisme alors que chez les enfants non vaccinés, on parle de 0,055%. Selon les auteurs, cette différence de 0,005 % serait négligeable statistiquement.
En conclusion, à ce jour, aucune étude sérieuse n'a pu confirmer les données présentées par Wakefield en 1998. Le risque que le vaccin RRO puisse causer l'autisme semble donc inexistant et l'article paru dans The Lancet aura causé beaucoup de bruit pour rien.
- Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.