Des professionnels de la santé ont en effet voulu savoir comment avançait ce dossier. Ils ont donc contacté le Ministère et ainsi obtenu une réponse du Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint. Dans cette lettre, Dr Arruda réitère la volonté du ministère d’abolir l’article 68 du Règlement d’application de la Loi sur les laboratoires médicaux, la conservation des organes et des tissus et la disposition des cadavres. « Il est prévu d’abroger l’article 68, car la décision d’administrer ou non une chimioprophylaxie afin de prévenir la conjonctivite néonatale ne devrait pas relever d’une réglementation ministérielle, mais devrait résulter de l’adoption de normes cliniques de bonne pratique professionnelle », explique Noémie Vanheuverzwijn, responsable des relations avec les médias au ministère de la Santé et des Services sociaux. Les démarches seraient donc en cours, mais il est impossible de savoir à quelle date l’abrogation sera effective, puisque cela dépend du processus législatif.
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Cependant, l’abolition de la loi est loin de signifier la fin de l’administration systématique d’antibiotique chez les nouveau-nés. En effet, selon la lettre signée par Dr Arruda, « il est prématuré d’envisager l’arrêt de l’administration systématique de la chimioprophylaxie oculaire au Québec ». Ce consensus se serait dégagé lors d’une rencontre qui s’est tenue le 14 janvier dernier et qui réunissait des représentants des organisations suivantes : l’Association des gynécologues et obstétriciens du Québec, l’Association des omnipraticiens en périnatalité du Québec, l’Association des pédiatres du Québec, l’Association des médecins ophtalmologistes du Québec, la Société des néonatologistes du Québec, le Collège des médecins du Québec, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, l’Ordre des sages-femmes du Québec, la Société canadienne de pédiatrie, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux et l’Institut national de santé publique du Québec.
Dans sa lettre, le Ministère justifie cette position en soulignant que « les conditions permettant de cesser, de façon sécuritaire, l’administration systématique à tous les nouveau-nés d’une chimioprophylaxie visant la prévention de l’ophtalmie néonatale ne sont pas réunies actuellement au Québec ». Questionnée à ce sujet, Noémie Vanheuverzwijn précise la position du Ministère. « Le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang pendant la grossesse fait partie des mesures préconisées pour prévenir la conjonctivite néonatale, explique-t-elle. Avant de cesser l’administration systématique de la chimioprophylaxie oculaire, il faut préciser les bonnes pratiques et mettre en œuvre les conditions nécessaires pour qu’elles soient appliquées. Par exemple, il faut déterminer à quel moment ce dépistage devrait être effectué pendant la grossesse. Il faut s’assurer qu’il sera effectué de façon systématique, que tous les milieux auront accès aux analyses de dépistage recommandées et que le traitement et le suivi des femmes enceintes permettront de s’assurer de l’éradication de l’infection. »
Par conséquent, tant que les meilleures pratiques en matière de dépistage des ITS chez les femmes enceintes ne seront pas mises en place, les nouveau-nés continueront de recevoir des antibiotiques dans leurs yeux après la naissance. Une conclusion qui déçoit de nombreux professionnels de la santé qui voient cette position comme un recul dans le dossier.
- Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.