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À quelques jours de la Saint-Valentin, le titre est accrocheur : « Le chocolat serait très bon pour les femmes enceintes ». Malheureusement, il s’agit d’un excellent exemple d’une étude médiatisée pour aucune autre raison que celle de contenir le mot chocolat.

Avouons tout de même que le nom de l’étude porte à confusion. En effet, les chercheurs qui devaient présenter leurs résultats à Atlanta dans le cadre du Pregnancy Meeting ont intitulé leur présentation « Le chocolat à haute teneur en flavanol pour améliorer la fonction placentaire et diminuer le risque de pré-éclampsie : un essai clinique randomisé en double aveugle ». Bien sûr, notre réaction à la lecture de ce titre est de dire « Cool ! Le chocolat noir prévient la pré-éclampsie ». Cependant, erreur ! Prenons donc un moment pour en savoir plus sur l’étude en question.

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L’idée de tester l’effet du chocolat pendant la grossesse provient de chercheurs de l’Université Laval. Leur objectif était effectivement de démontrer que le chocolat noir peut réduire le risque de pré-éclampsie. Il faut mentionner que des études avaient déjà été réalisées sur le sujet dans le passé et étaient arrivées à des résultats contradictoires. Pour faire la lumière sur tout ça, les chercheurs de Québec ont divisé129 femmes enceintes en deux groupes. Le premier allait manger 30 g de chocolat noir tous les jours pendant 12 semaines. Le deuxième allait se contenter de chocolat ordinaire. Ils ont ensuite mesuré le flux sanguin de l’utérus, du placenta et du fœtus de même que le poids du placenta et du bébé à la naissance. Ils ont aussi évalué la fréquence de la pré-éclampsie et de l’hypertension gestationnelle.

Après toutes ces savantes observations, les chercheurs ont fait la stupéfiante découverte suivante : aucune différence entre les deux groupes ! Par conséquent, leur hypothèse de départ s’est avérée rejetée. Le titre de leur étude aurait dû être « Le chocolat à haute teneur en flavanol pour améliorer la fonction placentaire et diminuer le risque de pré-éclampsie… ne fonctionne pas. »

Je ne peux bien sûr pas présumer de la réaction des chercheurs lorsqu’ils ont compris que leurs résultats ne permettaient pas de confirmer leur hypothèse. Cependant, on peut très bien imaginer qu’ils ont épluché leurs données en détail pour trouver quelque chose d’intéressant. C’est probablement à ce moment qu’ils ont remarqué que le flux sanguin de l’utérus, du placenta et du fœtus avait augmenté entre le début et la fin de l’expérience chez toutes les femmes étudiées. Il était même plus élevé que ce à quoi on s’attend dans la population en général. Ils se sont alors dit : « Notre étude indique que le chocolat pourrait avoir un impact positif sur la croissance et le développement du fœtus et du placenta. L’effet du chocolat ne serait pas dû seulement au contenu en favanol. » (Il s’agit ici d’une citation du Dr Emmanuel Bujold.)

C’est ainsi que les journalistes de Metro News ont cru bon d’écrire : « Il semblerait que la consommation de chocolat soit préconisée pour le bon déroulement de ces 9 mois. » Cette conclusion est pour le moins hâtive. Permettez-moi d’ailleurs de citer à nouveau le Dr Bujold. « Nous ne pouvons pas spéculer sur l’effet global du chocolat sur le risque de pré-éclampsie à partir des résultats de notre étude parce que nous n’avions pas de groupe de femmes qui n’ont pas mangé de chocolat. » Le Dr Bujold répondait ici à la question de Medical News Today « Recommandez-vous aux femmes enceintes de manger du chocolat quotidiennement pour améliorer le développement du fœtus ? »

Le Dr Bujold a complètement raison. Sans avoir un groupe contrôle qui n’a pas mangé de chocolat, savoir si l’effet observé sur le flux sanguin est vraiment dû à la consommation de chocolat est impossible. Peut-être que les appareils utilisés pour mesurer étaient mal calibrés. Peut-être que le stress de l’expérimentation a influencé la circulation sanguine. Peut-être que les futures mères ont bu plus de lait pour accompagner leur chocolat et que cet aliment est le véritable responsable. Peut-être même qu’une distorsion temporelle a eu lieu ce jour-là à Québec et que les mesures ont été faussées. Qui sait ?

Bien sûr, il n’est pas impossible que le chocolat soit vraiment l’aliment miracle pour prévenir la pré-éclampsie. L’équipe du Dr Bujold est tout à fait justifiée de fouiller davantage cette hypothèse. Cependant, écrire dans les médias que le chocolat est recommandé durant la grossesse est prématuré. Alors, en attendant des résultats plus solides, les femmes enceintes devront continuer de manger du chocolat seulement pour le plaisir. Une raison amplement suffisante selon moi.

- Ce billet a également été publié sur le site Maman Éprouvette.

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