C’est confirmé: les émissions de gaz à effet de serre de la Chine ont cessé d’augmenter depuis 18 mois.
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On savait que ces émissions étaient reparties à la hausse avec le rebond de l’économie post-pandémie. Et on savait qu’elles avaient atteint un record en 2023. Mais comme la croissance des émissions cette année-là avait montré un net ralentissement, et que la Chine n’avait eu de cesse, en 2023 puis en 2024, d’ajouter quantité d’énergie à ses réseaux électriques grâce à l’éolien et au solaire, plusieurs se demandaient si ce sommet des gaz à effet de serre en 2023 aurait pu être le pic depuis longtemps attendu.
Une analyse réalisée par une chercheuse du Centre de recherche sur l’énergie et la qualité de l’air, et publiée le 11 novembre dans le magazine spécialisé Carbon Brief, conclut que c’est le cas: les émissions ont stagné pendant toute l’année 2024 et seraient même légèrement à la baisse en cette fin d’année 2025, par rapport à il y a 18 mois.
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L’éolien et le solaire sont évidemment en cause : plus ces secteurs produisent de l’électricité (une croissance du solaire de 46% entre le troisième trimestre de 2024 et celui de 2025), plus cela fait diminuer la demande pour l’électricité produite par les centrales au charbon.
Les émissions du secteur automobile sont quant à elles en baisse de 5% au troisième trimestre 2025, à mesure que les conducteurs font la transition vers des véhicules électriques.
Si cette tendance se maintient, 2025 s'achèvera donc avec une baisse nette des émissions de GES dans ce pays, qui est le plus gros émetteur mondial.
Alors que se déroule au Brésil la 30e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30), ces chiffres placent la Chine dans une position plus forte quant aux négociations internationales: ses efforts des dernières années ont une portée désormais quantifiable.
De plus, analyse l’auteure britannique Isabel Hilton sur le site de l’École des sciences de l’environnement de l’Université Yale, le retrait des États-Unis offre à la Chine une opportunité pour prendre un rôle de chef de file dans ces négociations: « le dossier chinois sur l’atténuation [des impacts climatiques] et l’aide internationale est, au mieux, mitigé ». Mais sa capacité à devenir un chef de file « a bénéficié des actions des États-Unis, des distractions de l’Union européenne et de l’approche gouvernementale chinoise en continu, à long terme ».
À l’échelle mondiale, la croissance des émissions en 2025 pourrait être de 1,1%, pour atteindre un sommet de 38,1 milliards de tonnes de CO2. C’est ce qui ressort d’un rapport annuel appelé le Global Carbon Budget, publié par un consortium international d’universitaires. La croissance est donc plus lente que dans les années 2010, mais elle se poursuit encore.
Parallèlement, l’Agence internationale de l’énergie publiait le 12 novembre son World Energy Outlook, portrait annuel des projections à court terme dans le secteur de l’énergie. On y lit que la demande mondiale en énergies fossiles —pétrole et gaz— pourrait atteindre un sommet dès 2029, soit un progrès par rapport à ce qui était prédit il y a quelques années. Mais c’est à deux conditions: que les pays qui sont les principaux pollueurs respectent leurs cibles de réduction d’ici là, et que la croissance des centres de données générée par l’explosion de l’intelligence artificielle, ne vienne pas brouiller les calculs.





