C’est en voyant un bol flotter sur son eau de vaisselle qu’un sculpteur de Saint-Jean-Port-Joli a eu un éclair de génie. Armand Robitaille a ainsi solutionné la faille principale des grandes éoliennes à axe vertical. «La déconfiture de la Darius d’Hydro-Québec (le fameux « batteur à oeuf » brisé, à Cap Chat) l’avait marqué. Le roulement à billes qui supportait la structure subissait une demande de friction et de poids extrême. Il voulait trouver une solution », raconte Jean-Pierre Binda, un de ses associés dans la jeune entreprise Turbines éoliennes Vertica, de Sorel-Tracy.

Monsieur Robitaille a inventé une éolienne qui consiste en une turbine 2,5 fois plus large que haute. Quand son diamètre excède 6 mètres, elle est installée sur de l’eau contenue par bâtiment. « Un mètre cube d’eau peut supporter un poids d’une tonne», souligne M. Binda.

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Fin mars, Turbines éoliennes Vertica était invitée par Environnement Canada à installer l’une des deux éoliennes qui seront présentées à la Biosphère en fin de semaine, dans le cadre des activités du Jour de la Terre. Il s’agit d’un modèle de 3 mètres et d’une puissance nominale de 2 kilowatts (kW). L’autre est une éolienne Whisper, du fabricant américain Southern Windpower. Un modèle classique à pales, donc à axe horizontal, d’une puissance nominale de 1,8 kW.

Le nouveau programme éducatif de la Biosphère sur les énergies renouvelables permet pour la première fois au public montréalais de voir deux éoliennes en action. Des spécialistes expliqueront leur fonctionnement et surtout les bénéfices environnementaux d’harnacher le vent pour produire de l’électricité.

« L’éolienne à axe vertical a la particularité d’être insonore et plus sécuritaire pour les oiseaux puisqu’elle tourne à très basse vitesse », explique la porte-parole de la Biosphère, Suzanne Blais. « Sa vitesse de rotation est inférieure à celle du vent, explique Jean-Pierre Binda. Elle a été perfectionnée par l’ingénieur Christian Masson, professeur à l’École de technologie supérieure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’aérodynamique des éoliennes en milieu nordique. Nous avons doublé sa performance en suivant ses conseils. »

En effet, selon les calculs de ses étudiants, elle serait environ 50 % plus puissante qu’une éolienne à axe horizontal de taille similaire. « Son roulement est souple, silencieux et extrêmement fort, dit M. Binda. Totalement ouverte au vent, elle est idéale le long des cours d’eau de la vallée du Saint-Laurent. » Une 3 kW, qui coûte environ 15 000 $, produit approximativement 2 300 kilowattheures d’électricité par année dans un vent moyen de 5 mètres/seconde (18 kilomètres/heure). Le groupe environnemental Équiterre songe à installer un modèle de 6 mètres de diamètre sur son futur siège social montréalais. « L’immeuble sera bâti à l’angle des rues Saint-Catherine et Clark, où le vent est très concentré par les bâtiments avoisinants », explique M. Binda, un physicien et informaticien qui a fait carrière chez Alcan et Nortel.

Depuis trois ans, quatre associés ont travaillé sans salaire et investi plus d’un million de dollars dans cette éolienne 100 % canadienne. La compagnie installera ses premiers modèles commerciaux sous peu. En juin, une turbine de 5 mètres remplacera celle de 3 mètres à la Biosphère, et une autre sera installée à l’Université Laval cet été. Un modèle de 10 mètres (40 kW) est prévu pour 2008 et un autre de 20 m (200 kW) pour 2009. La turbine est faite de matériaux composites (polypropylène et fibre de verre). Des test seront faits sur des fibres naturelles, tel le chanvre.

Le gouvernement fédéral doit annoncer en grande pompe le 23 mai une aide financière pour cette entreprise qui a le vent en poupe.

Les Journées portes ouvertes se tiendront les samedi et dimanche 21 et 22 avril, de 10h à 17, à la Biosphère, ce musée de l’environnement par excellence. L’entrée est gratuite.

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