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Initialement mis au point pour traiter le diabète de type 2, l’Ozempic a été largement utilisé, depuis trois ans, pour son effet sur la perte de poids. On commence toutefois à mesurer les effets négatifs à long terme de cet usage détourné.

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Le sémaglutide, commercialisé sous le nom d’Ozempic ou de Wegovy, est un médicament destiné à traiter le diabète de type 2. Aussi appelé diabète non insulino-dépendant, il représente la forme la plus fréquente de la maladie. Si le Canada n’a pas autorisé sa prescription pour le traitement de l’obésité, 61 000 personnes ont néanmoins reçu une ordonnance d’Ozempic pour la perte de poids en 2023, qui n’était donc pas remboursée par l’assurance-maladie, selon un article de la Presse canadienne. Ces patients doivent donc financer la prise du médicament de leur poche. Par ailleurs, une enquête de La Presse parue au début d’avril a, elle, démontré la facilité à se procurer de l’Ozempic sur Internet.

En effet, plusieurs vedettes, comme Oprah Winfrey, Elon Musk ou la Québécoise Nathalie Simard, ainsi que de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux, ont fait gagner en popularité le médicament en vantant ses bénéfices pour notre tour de taille. À ce jour, le mot-dièse #ozempic compte près de 180 000 occurrences sur Instagram et 86 600 sur TikTok. La recherche « Ozempic before and after results » (résultats avant et après Ozempic) génère des millions de résultats, dont des vidéos montrant des personnes s’injecter le produit.

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Le problème est que beaucoup de personnes ne poursuivent pas la prise de ce médicament au-delà d’un an, et c’est sur elles que se penche un reportage récent de la revue Nature.

Reprise de poids

Deux essais cliniques cités dans ce reportage mettent en évidence la reprise de poids à l’arrêt de la prise de sémaglutide. Dans l’un d’eux, publié dans le Journal of the American Medical Association, 800 participants se sont injecté le médicament pendant quatre mois, en plus d’effectuer des changements au niveau de leur alimentation, de pratiquer de l’exercice physique et de recevoir des conseils. Ils ont perdu en moyenne 10,6 % de leur poids initial. Un tiers des participants a ensuite reçu des placebos. Onze mois plus tard, ils avaient en moyenne repris 7 % de leur poids, alors que les participants qui avaient reçu du sémaglutide avaient continué de maigrir.

L’autre essai clinique, dont les résultats ont été publiés dans la revue Diabetes, Obesity and Metabolism, a constaté que les participants avaient repris les deux tiers du poids perdu dans l’année qui avait suivi l’arrêt des injections de sémaglutide. Ils avaient auparavant perdu en moyenne 17,3 % de leur poids initial après un an de traitement et de changements de mode de vie.

Risques de l’arrêt 

En plus de la prise de poids, les participants ont de nouveau regagné de la graisse abdominale et développé des comorbidités associées. En effet, plusieurs maladies sont reliées à l’excès de graisse au niveau de la ceinture abdominale, notamment des maladies cardiaques ou la résistance à l’insuline. À l’arrêt de la prise de sémaglutide, les risques reviennent aux mêmes niveaux qu’avant l’essai, ainsi que la tension artérielle et les niveaux de glycémie et de cholestérol. 

Causes de l’arrêt

De nombreux facteurs causent l’arrêt du traitement, mais l’un d’eux est l’absence de remboursement. En effet, la dose la plus élevée d’Ozempic coûte 400 $ CAN par mois. Parmi les autres causes pour lesquelles des gens ont arrêté, on compte les effets secondaires, notamment avec des troubles gastro-intestinaux, les pénuries provoquées par la demande mondiale croissante, et la stabilisation du poids, qui amène les patients à penser que le médicament ne fonctionne plus.

 

- Alexia Boyer

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