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À la liste des supposés traitements miracles contre le coronavirus s’est récemment ajouté, aux États-Unis, un extrait de plante, l’oléandre. Quels sont les indices qui permettent de douter qu’on puisse d’emblée sauter aux conclusions?


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D’où vient l’information?

Une recherche rapide parmi les reportages récents révèle que c’est le vice-président de la compagnie Phoenix Biotechnology, Andrew Whitney, qui aurait eu l’oreille de Donald Trump lors d’une rencontre à la Maison-Blanche en juillet. Phoenix est la compagnie qui veut commercialiser le produit. Cette rencontre aurait été rendue possible grâce à un homme d’affaires appelé Mike Lindell, membre du conseil d’administration et investisseur de Phoenix. Lindell est aussi un donateur de la campagne de Donald Trump. Interrogé par le média en ligne Axios, Mike Lindell a affirmé que l’oléandre, un composé tiré du laurier-rose, serait le « miracle de tous les temps ».

Cette connexion avec la Maison-Blanche pourrait donc expliquer que les médias se soient emparés de l’histoire. Mais ça ne nous apprend pas si le produit possède des effets démontrés contre la COVID-19.

Qu’est-ce que l’oléandre?

L’oléandre est le nom du composé chimique produit par le laurier-rose (Nerium oleander), une plante ornementale. En googlant « oléandre» ces jours-ci, on trouve rapidement des avertissements sur les risques: une professeure de dermatologie à l’Université Emory met par exemple en garde contre le risque d’empoisonnement, dans un texte de vulgarisation paru dans la foulée de l’intérêt médiatique. Elle rappelle que la plante est « hautement toxique », et que des cas d’empoisonnement ont été documentés chez les humains et les animaux. Même manger des escargots ayant élu domicile sous un laurier-rose serait apparemment dangereux.

Plusieurs scientifiques n’ont donc pas tardé à s’inquiéter qu’un trop grand enthousiasme autour de ce composé issu de la plante donne l’idée aux gens de s’automédicamenter, ce qui pourrait avoir des conséquences funestes.

Quelles sont les études scientifiques surl’oléandre?

Mais il existe beaucoup de produits qui, toxiques à certaines doses, se révèlent médicalement efficaces. Qu’en est-il des données qui soutiendraient cet enthousiasme?

À ce jour, il n’y a rien. Aucune étude publiée n’est disponible sur l’efficacité de l’oléandre pour traiter la COVID-19.

Le magazine Forbes révélait en août que le Centre de recherche sur les maladies infectieuses de l’armée américaine avait réalisé des tests en laboratoire sur l’efficacité de l’oléandre contre le coronavirus, mais que les données non concluantes avaient mené à l’abandon de l’expérience.

Une étude a conclu en juillet que l’oléandre bloquerait l’infection au coronavirus chez les cellules de singes en éprouvette. Mais elle n’a été que « pré-publiée », donc pas encore révisée par les pairs, et elle compte parmi ses auteurs deux employés de Phoenix Biotechnology. De plus, l’histoire récente de la recherche médicale rappelle que des études in vitro sur des cellules animales échouent dans la grande majorité des cas lorsque vient le temps de tenter de prouver leur efficacité chez l’humain : elles servent avant tout à repérer les propriétés du produit, avant de le tester sur des animaux.

D’autres drapeaux rouges ?

Si ces appels à la prudence ne suffisent pas, la lecture des reportages mentionnés plus haut fournit d’autres informations. Par exemple, la compagnie My Pillow, dont Mike Lindell est le fondateur, a été poursuivie en justice en Californie pour avoir affirmé que ses oreillers avaient été testés en laboratoire et qu’ils pouvaient traiter l’insomnie et l’apnée du sommeil. Les tests qu’il évoquait n’avaient pas été publiés ni revus par les pairs, et ne comportaient pas de groupe placebo.

De plus, la compagnie Phoenix Biotechnology n’a pas caché qu’elle essaierait de vendre l’oléandre en tant que « produit naturel », si elle ne réussissait pas à le faire approuver comme médicament par les autorités de la santé.

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