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Un changement de siècle ou de décennie est toujours l’occasion d’un peu de nostalgie… et de confusion. Si nous laissons effectivement les années 2010 derrière nous, en revanche, on n’entre pas pour autant dans la 3e décennie du 21e siècle. Le Détecteur de rumeurs explique pourquoi c’est une question d’histoire, et non de mathématiques.


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C’est la même confusion qui avait régné au passage de l’an 2000: le 21e siècle commençait-il en l’an 2000… ou en l’an 2001? La bonne réponse a toujours été 2001: parce qu’un siècle commence avec « l’an 1 » (1801, 1901, 2001) et se termine avec « l’an 00 » (1900, 2000, 2100). Par conséquent, puisque notre siècle a commencé avec l’an 2001, sa première décennie couvrait les années 2001-2010 et sa deuxième décennie couvre les années 2011-2020. 

Mais pourquoi cette confusion? Ne serait-il pas plus simple de dire qu’on est au 21e siècle dès l’an 2000? 

La réponse nous vient des historiens et plus particulièrement du calendrier dit chrétien, qui sépare l’histoire de l’humanité en années « avant Jésus-Christ » et « après Jésus-Christ » (Anno Domini en latin, ou AD). L’élément-clef à retenir: il n’y a pas d’année zéro. 

Autrement dit, si vous utilisez une machine à voyager dans le temps pour vous propulser dans la dernière soirée de l’an 1 avant Jésus-Christ, après une bonne nuit de sommeil, vous vous réveillerez dans la première matinée de l’an 1 après Jésus-Christ. 

Le premier siècle de notre ère commence donc avec l’an 1 et se termine avec l’an 100, le deuxième siècle commence avec l’an 101, et ainsi de suite. Le 21e siècle a commencé en 2001 et se terminera en 2100.

La raison de cette absence du zéro est elle aussi historique: le moine Denys le Petit, à qui on attribue l’invention de ce nouveau calendrier en l’an 525, utilisait les chiffres romains. Et il se trouve que les chiffres romains ignoraient le zéro: le concept ne fera son chemin en Europe, par l’intermédiaire des chiffres arabes, qu’au 12e siècle. 

Accessoirement, le moine Denys —qui avait calculé approximativement l’année de naissance de Jésus et s’est probablement trompé de quelques années— avait fait ce travail avant tout pour pouvoir calculer les dates de Pâques, et non pour imposer une nouvelle numérotation. Les érudits allaient pour leur part continuer d’utiliser comme année de référence de leur calendrier (leur « an 1 » à eux) celle de la fondation de Rome. L’usage de « l’Anno Domini » ne commencerait à se répandre que deux à trois siècles plus tard. 

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