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Les vrais événements de l'année
Oubliez Céline Dion, John F. Kennedy Jr, les inondations,
les tragédies aériennes, les massacres. Les vrais événements
de l'année, ceux dont on sentira encore les effets dans 10 ans, peut-être
même dans 100 ans, ils sont ailleurs.
En 1997, le choix était facile: il y avait eu Dolly, la brebis
clonée, et Pathfinder, le robot martien. En 1998, c'était
plus difficile: la science avait offert des tonnes de découvertes
qui auraient des répercussions bien plus profondes que Dolly et Pathfinder,
mais aucune qui pouvait faire une bonne manchette au bulletin de 22 h. En
cela, l'année 1999 aura davantage ressemblé à 1998.
A une exception près: le débat scientifique de l'année,
ce fut, et de loin, celui sur les aliments modifiés génétiquement.
Mais quand on se rend compte qu'en Europe, ce fut le débat scientifique
de l'année dès 1997, on est en droit de se demander dans quelle
5e dimension dormait le Québec. On ne peut que constater que les
médias américains, eux aussi, ne se sont "réveillés"
que cet été. Ceci explique peut-être cela...
Mais c'est un débat qui n'a souvent eu de scientifique que le
nom (28 juin). Quand des groupes écologistes,
en France et en Grande-Bretagne, se lancent dans des arrachages de plants
transgéniques, l'opération "images" compte plus
que le débat. Quand un scientifique britannique du nom d'Arpad Putzai
se retrouve encensé jusque par des communicateurs scientifiques (18 octobre), non pas parce que sa recherche
est solide, fouillée, corroborée par d'autres chercheurs,
mais parce que ses conclusions correspondent à ce que l'on veut bien
croire, on se rend compte que ça risque de rester le débat
de l'année pour plusieurs années encore.
Au terme de cette année 1999, il n'est pas sûr que la majorité
des gens qui disent craindre les aliments transgéniques (12 avril) aient la moindre idée de ce que
cela représente. Pourtant, dans la liste des percées scientifiques
de l'année, il y en a quelques-uns qui ouvrent la porte sur des perspectives
encourageantes. On annonçait par exemple cet automne avoir mis au
point du riz qui, grâce au génie génétique, était
"dopé" en vitamines A et en fer -une particularité
qui serait accueillie à bras ouverts dans plusieurs pays du Sud,
où les carences en vitamine A sont la première cause de cécité
chez les enfants.
Dans la même lignée, des chercheurs de l'Université
Laval ont annoncé cet automne avoir obtenu des souris génétiquement
modifiées qui peuvent produire des protéines humaines... dans
leur sperme (25 octobre). On connaissait
déjà l'objectif de faire produire à des animaux des
médicaments dans leur lait; mais le problème du lait, c'est
qu'il faut attendre plus de temps pour avoir un animal capable d'en produire
-et que les quantités sont limitées. La souris n'est d'ailleurs
qu'une étape, ont expliqué François Pothier et ses
collègues: leur véritable objectif, c'est le porc, dont la
quantité de "produit à récolter" serait,
assurent-ils, plus rentable.
En ajoutant à tout cela le décodage du premier de nos 46
chromosomes (6 décembre) et l'insertion
dans une souris du tout premier chromosome artificiel (25
octobre), que la souris a transmis avec succès à ses
descendants, l'année 1999 aura donc été une autre année
"génétique". La première carte de nos 70
à 100 000 gènes avance à grands pas -et ce, pour le
meilleur et pour le pire: au moins trois compagnies privées sont
engagées dans la course, en plus du programme "officiel"
HUGO, et la question de savoir qui détiendra des droits sur quoi
a resurgi. En octobre, l'une de ces firmes, Celera Genomics reconnaissait
avoir déposé cette année 6500 demandes de brevets sur
autant de gènes humains (1er novembre).
Et le reste
Mais au-delà de la génétique, il y a tout le reste.
Une autre forme de manipulation du vivant, très peu connue du public,
mais susceptible d'avoir un impact beaucoup plus profond que Dolly la brebis,
figure pour la deuxième année consécutive dans la liste
des percées de l'année de la prestigieuse revue Science:
la manipulation des cellules embryonnaires ou cellules-souches (21 juin), qui pourraient en théorie devenir
une source inépuisable d'organes en vue de transplantations. L'idée
serait, littéralement d'ordonner à un ensemble de cellules-souches
de se transformer en poumon, ou en foie, ou en un morceau de peau (5 avril)... Qui plus est, en 1999, on s'est
rendu compte qu'on pouvait aussi trouver de ces cellules-souches dans la
moelle osseuse, ce qui causerait moins de débats éthiques
que les cellules d'embryons.
Et enfin, au-delà du monde du vivant, la dernière édition
de la revue Popular Science donne une bonne idée des "nouveautés
de l'année". S'y entremêlent des incontournables, comme
le Breitling Orbiter 3, ce ballon qui, en mars, est devenu le premier à
compléter le tour du monde, le Sea Launch, cette plate-forme océanique
de lancement de fusées, les nouvelles planètes détectées
autour d'étoiles autres que notre Soleil et même l'ordinateur
portatif iBook, de Macintosh (le iMac était dans la liste, l'an dernier).
Et s'y entremêlent des inconnues, comme la Daimler Chrysler Necar
4, la voiture la plus avancée sur la voie des piles à combustible
-peut-être la source d'énergie de l'an 2010.
A signaler également en 1999: la création d'un nouvel élément,
doté du numéro 114 (ceux qui se rappellent leurs cours de
chimie sauront à quoi s'en tenir), un nouveau traitement contre l'arthrite,
la découverte de trois nouvelles momies en Amérique du Sud,
tellement bien conservées qu'on a pu faire des prélèvements
d'ADN, les données sur un réchauffement global (20 décembre) qui continuent de s'accumuler...
Mais l'un des événements scientifiques à avoir fait
bondir le plus grand nombre de gens, à en juger par les réactions reçues sur le site de l'Agence
Science-Presse, ne relève pas de la recherche. Il relève de
la culture scientifique que possède -ou ne possède pas- la
population: cette décision du Kansas de retirer l'évolution
des examens de fin d'année de tout le programme scolaire (23 août). Autrement dit, plus un mot
sur Darwin, sur l'homme de Néandertal, sur les dinosaures, sur les
milliards d'années ni sur le Big Bang. Et ce, en l'an 2000, au cur
du premier pays du monde.
C'est qu'à côté des percées, il y a aussi
les échecs et même, les bêtises. Sur ce plan, la palme
revient haut-la-main à la mission Mars Climate Orbiter, perdue en
octobre parce que personne n'a été capable de se rendre compte
qu'une équipe travaillait en système métrique, et l'autre,
en système anglais (4 octobre).
Un dérapage qui pèsera lourd sur la réputation de la
Nasa, elle pour qui l'image compte parfois plus que le reste... |