dsc_8224.jpg
Steven Guilbeault était de passage au Cégep de Saint-Félicien le 23 mars 2011 pour présenter une conférence sur les changements climatiques et le développement durable. Les Accros de la forêt en ont profité pour lui demander ce qu’il pensait de l’avenir de la foresterie. Sans surprise, le cofondateur d’Équiterre est lui aussi un Accro de la forêt!

Comment peut-on définir la foresterie durable? En tant que société, si on utilise nos ressources naturelles plus rapidement qu’elles ne se régénèrent, ce n’est pas un modèle qui peut fonctionner, autant d’un point de vue économique, que social, comme on peut voir avec la crise forestière, et certainement pas d’un point de vue environnemental.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Quel est l’avenir de la foresterie au Québec? La crise forestière nous a fait prendre conscience du fait qu’on a surexploité et qu’on avait mal géré notre forêt. C’est important de donner une plus grande place aux régions dans ce dossier là. On veut donner plus de place aux municipalités pour qu’ils aient leur mot à dire sur les schémas d’aménagement et sur tout ce qui concerne la coupe. Mais un droit de regard vient aussi avec la responsabilité d’exploiter la ressource durablement.

Quel rôle joueront le tourisme et les produits forestiers non ligneux dans la relance forestière? On a longtemps vu la forêt seulement comme des arbres à couper, alors qu’on se rend maintenant compte qu’il y a énormément de choses qu’on peut faire. Il faut « penser en dehors de la boîte » (comme le disent les Anglos) et voir ça non seulement comme des arbres à couper, mais voir ça de manière multifonctionnelle. On l’oublie souvent, mais l’impact économique des activités écotouristiques dans les parcs du Québec est très important. Il y a aussi la récolte de champignons qui devient de plus en plus populaire. Oui, on peut faire de la coupe et on va continuer à le faire, mais d’autres activités sont possibles et ont le potentiel de devenir très importantes tout en générant beaucoup d’argent. On commence à faire l’exercice, mais il faut continuer.

Comment cette situation se traduira-t-elle pour les travailleurs en forêt? C’est sûr qu’il va toujours y avoir de l’emploi en forêt, mais ce ne sera pas nécessairement les mêmes emplois qu’il y avait dans le passé. Il y des transitions à faire, mais on ne doit pas faire ça sur le dos des travailleurs. Il faut voir venir les coups quand il va en avoir. La technologie change beaucoup et la demande pour certains produits traditionnels de la forêt a baissé. Il faut se préparer à ça et il faut accompagner les travailleurs.

Quels outils ont les consommateurs pour choisir des produits provenant de forêt gérée durablement? De plus en plus, les gens cherchent à faire des choix éclairés. Les labels vont prendre une importance particulière. La certification FSC (Forest Stewardship Council) par exemple, est de plus en plus reconnue. Ça ne veut pas dire que c’est le seul, mais c’est en train de devenir en quelque sorte une marque reconnue et les gens savent que s’ils achètent un produit certifié FSC, ils ont un bon niveau de confiance que c’est un produit qui a été produit de façon correcte d’un point de vue social et environnemental.

Que pensez-vous de l’utilisation de la biomasse forestière comme forme d’énergie? C’est intéressant, pourvu qu’on ne se mette pas à couper des arbres pour faire de la biomasse. Si on parle de la récolte des résidus sur le terrain comme les branches, il faut faire attention, parce qu’il faut en laisser une partie derrière nous pour la régénération des sols. Il y a des exemples très intéressants en Autriche et dans les pays scandinaves. C’est une avenue de développement économique très intéressante pour les régions et ça va jouer un rôle très important dans le futur. En ce qui a trait aux résidus industriels, il n’y a aucune question à se poser, on doit les utiliser pour faire de la biomasse, de l’énergie ou du chauffage.

Est-ce que l’utilisation du bois dans la construction nous permet de réduire notre empreinte écologique? C’est sur. Équiterre fait partie de la Coalition Bois. On termine une campagne sur l’importance de l’utilisation des produits du bois dans la construction plutôt que les métaux ou le ciment. Le bois a une empreinte carbone beaucoup moins importante et c’est une ressource renouvelable. Je suis un fan de l’utilisation des produits du bois. J’y crois professionnellement et personnellement.

Pour conclure, êtes-vous Accro de la forêt? Absolument. Je suis un adepte de randonnées, de canot-camping dans le parc de la Mauricie, dans les Laurentides, dans la région de Gatineau et un peu partout au Québec. J’aime beaucoup la beauté et la tranquil

Je donne