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Pour que la Terre puisse supporter la population croissante dans les prochaines décennies, il faudra radicalement changer nos habitudes de vie . On l’a vu, il est impératif de revoir les pratiques de l’agriculture . Alors que les océans se vident, il est clair que nous devrons également remettre en question les façons de pêcher. L’aquaculture apparaît alors comme une bouée de sauvetage : produire des poissons à volonté, sans s'inquiéter de mettre en péril des espèces en demande… Mais est-ce vraiment le remède miracle pour nos océans malades ?

En lisant le dernier livre de Tara Grescoe, Bottomfeeder (traduit en français sous le titre Notre mer nourricière en 2010), on a plutôt froid dans le dos. Il nous fait entre autres visiter des fermes crevettières (dont la majorité se trouve en Asie) aux pratiques douteuses. Quel sont les ingrédients utilisées pour produire une bonne Cuvée Indienne 2008 ? Superphosphate, essence diesel, chlore, pesticides, antibiotiques, tripolyphosphate de sodium, borax… Bon appétit !

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En plus de l’utilisation de maints produits chimiques et pesticides (qui peuvent se retrouver dans votre assiette, mais également dans l’environnement, en plus de causer des maladies chez les éleveurs), l’explosion des fermes crevettières en Asie du Sud-est pose un problème particulier. Un peu comme on doit déboiser des terres pour permettre l’élevage d’animaux ou l’agriculture, on détruit des kilomètres de mangroves pour construire ces fermes : environ 38% des mangroves ont ainsi disparu dans le monde. Or, ces mangroves sont essentielles au maintien du fragile équilibre des écosystèmes, et protègent les côtes devant la crue des eaux. Et après le passage des fermes crevettières, le déluge...Selon Duon Van Ni, hydrologue à l’Université Catho au Vietnam, la culture de crevette endommage tellement l’environnement, les sols, les arbres et les eaux, qu’après elle, aucune autre culture n’est possible.

Les fermes de crevettes ne sont pas les seules formes d’aquaculture pointées du doigt. Dans l’élevage de saumon, on observe la contamination des poissons sauvages par des parasites, transportés par des spécimens « évadés ». Heureusement, il n’y a pas que du mal dans l’aquaculture. Les cours d’eau bénéficient ainsi de l’élevage d’huîtres, qui filtrent l’eau naturellement. D’autres expériences d’élevage biologique en bassin fermé (évitant ainsi la contamination des poissons sauvages) fonctionnent bien.

La classe moyenne grandissante se préoccupe de plus en plus de ce qu’elle trouve dans son assiette, favorisant les produits « santé » et la consommation de poisson et de fruits de mer. Pour répondre à sa demande, espérons que des mesures de protection des stocks sauvages incluant une aquaculture intelligente seront mises de l’avant…

Catherine Couturier

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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