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Cette semaine, le chercheur israélien Dan Shechtman a reçu le prix Nobel de chimie pour sa découverte de l’existence de nouveaux matériaux, les quasi-cristaux. Au-delà de la description du phénomène, l’existence de structures cristallines où les atomes sont disposés de manière ordonnée, mais non répétitive, certains aspects de la découverte méritent d’être soulignés.

Tout d’abord, cette découverte est le résultat du travail d’un seul individu et non d’une équipe de chercheurs. Aujourd’hui, la complexité des travaux de recherche et les coûts qui y sont rattachés font qu’il est rare qu’un prix Nobel scientifique ne soit pas partagé. Au cours des vingt dernières années, 40 prix Nobel de chimie et de physique ont été décernés. De ce nombre, seulement six ont été remis à un seul lauréat. Par ailleurs, alors qu’un prix Nobel est la récompense de travaux menés sur plusieurs années, le prix remis à Dan Shechtman reconnaît le travail d’une seule journée, soit le 8 avril 1982. Alors qu’il observait au microscope électronique un alliage de manganèse et d’aluminium, le chercheur remarqua une disposition qui allait révolutionner nos connaissances des matériaux. Il vit des cercles concentriques composés dix points brillants, à égale distance l’un de l’autre. Cette observation indiquait l’existence d’une concordance symétrique selon un cycle de dix, ce qui, d’après les connaissances de l’époque, relevait de l’impossible. En effet, seuls des cycles symétriques de l’ordre de 2, 3, 4 ou 6 avaient été observés. Par ailleurs, les ouvrages de référence soutenaient qu’un cristal est caractérisé par une répétition de sa symétrie. Ainsi, il était impossible d’observer une symétrie de l’ordre de dix –une telle affirmation allait à l’encontre des lois de la nature telles qu’elles étaient connues.

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Pendant plusieurs années, Dan Shechtman déploya d’importants efforts pour faire accepter du milieu scientifique l’existence de ces quasi-cristaux. Linus Pauling eut ce commentaire lapidaire à son égard: «Il n’y a pas de quasi-cristaux, seulement des quasi-scientifiques!» Avec le temps, une fois que plusieurs scientifiques aient reproduit ses résultats, ses idées furent acceptées. L’observation de Dan Shechtman amena l’Union internationale de cristallographie à changer, en 1992, sa définition du cristal. Alors qu’avant on parlait « d’une structure présentant une disposition régulière et répétitive », la nouvelle définition ne mentionne que l’existence d’un solide, donnant lieu à un «diagramme de diffraction particulier».

La découverte de Dan Shechtman illustre bien la différence entre science et pseudoscience. Bien que ses résultats aient tout d’abord été accueillis avec incrédulité, ils ont quand même été acceptés et publiés dans des journaux scientifiques (Physical Review Letters et Physical Review B). La publication de ses travaux permit à d’autres scientifiques de les reproduire et, ultérieurement, d’en valider les résultats. Le véritable scientifique accepte, quoique parfois difficilement, qu’il puisse se tromper et qu’il ne possède pas la vérité absolue. Ce qui n’est pas le cas des partisans des pseudosciences.

Ce prix Nobel est le 10e décerné à un Israélien. En classant les pays selon le nombre de prix Nobel par habitant, Israël obtient la 11e position, le Canada la 22e et les Îles Féroé, la 1re. Au sein de la population de ces îles, on ne recense qu’un Prix Nobel: il s’agit de Niels Ryberg Finsen. Ce dernier reçut le prix Nobel de médecine en 1903 pour le traitement des maladies et, en particulier, du lupus vulgaris. Précisons toutefois que les Îles Féroé ne comptent que 50,000 habitants; ce qui explique la 1e place.

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L'université McGill est associée à 11 lauréats d’un prix Nobel. Le dernier, le prix Nobel de médecine, a été remis malheureusement après sa mort à Ralph Steinman (BSc'63.) Bien que ces 11 lauréats aient tous un lien avec McGill, aucun n’y travaillait au moment où le prix leur a été décerné. Dans le cas d’Ernest Rutherford (Nobel de chimie en 1908) et de Frederick Soddy (Nobel de chimie en 1921), le comité Nobel reconnaissait des travaux qui avaient en partie été conduits à McGill. Quant aux autres, le prix récompensait des réalisations menées au sein d’autres institutions. Comme le disait un collègue d’une autre université, quitter McGill augmente les chances de recevoir un prix Nobel!

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