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«Vos résultats ont-ils été publiés dans une revue avec révision par les pairs?»
Voilà une des premières questions qu’un communicateur scientifique pose à un chercheur. Mais, ce gage de qualité est remis en question. Entrevue avec 2 experts du sujet.

La révision par les pairs, en place dès 1665 par la Société Royale de Londres, précède toute publication dans les revues scientifiques. Elle est l’étape clé dans la publication du savoir en science, selon Jean-François Sénéchal, doctorant à l’Université Laval sur le rôle social du chercheur en science.

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«L’évaluation par les pairs vise à protéger le débat scientifique de l’ingérence des mécènes et autorités politiques dans le processus de publication de la connaissance obtenue selon la démarche scientifique», ajoute Florence Piron, professeure-chercheure en éthique des sciences à l’Université Laval.

«Lorsque quelqu’un lit un article publié par une revue scientifique, il est en droit de s’attendre à ce qu’il ait été révisé par des experts du domaine et que ces derniers ont examiné : la qualité, la rigueur et la pertinence des propos et résultats qui y sont rapportés », souligne monsieur Sénéchal.

En plus de ces critères, les pairs doivent aussi évaluer un aspect plus subjectif: la recherche vaut-elle la peine d’être publiée? Ils aident ainsi l’éditeur à s’assurer que la recherche est crédible, nouvelle et intéressante.

«Les pairs sont peut-être les personnes les plus qualifiées pour évaluer la qualité et la rigueur des résultats proposés, mais ils sont également —dans un système carburant au publish or perish— les principaux compétiteurs», observe monsieur Sénéchal.

La révision par les pairs place ainsi les évaluateurs dans une situation de pouvoir puisque le travail de leurs principaux collègues-compétiteurs est soumis à leur appréciation.

«Ce pouvoir leur permet potentiellement de favoriser les textes de leurs collègues (copinage) ou d’entraver la publication des travaux de compétiteurs (obstruction) ou se servir de cette information privilégiée (vol, plagiat)», constate monsieur Sénéchal.

Comme solution, nos 2 experts proposent la transparence. On dévoile tout: le nom des évaluateurs, les critères retenus, les points attribués, etc.

D’ailleurs, en 2009 l’équipe éditoriale du EMBO Journal a décidé de tout publier sur Internet: l’article et ses évaluations signées. La revue encourage aussi les évaluateurs à commenter les rapports des autres évaluateurs.

La révision par les pairs n’est peut-être pas parfaite, mais elle est encore la meilleure façon de contrôler la qualité de la science.

«Aucune solution n’est parfaite… mais on progresse», conclut monsieur Sénéchal.

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