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Trois cents milliards de dollars. C’est la valeur estimée du service rendu par les abeilles qui pollinisent nos champs… chaque année! Depuis 2007, plusieurs meurent — victimes du « syndrome d’effondrement des colonies ». Quelle en est la cause? Survol des plus récentes recherches sur le sujet.

En plus de nous donner notre miel quotidien, les abeilles pollinisent plus de 90 végétaux : fruits, légumes et céréales. Une diminution des populations d’abeilles pourrait provoquer de graves conséquences. Le phénomène n’est pas nouveau : une forte mortalité chez les abeilles ayant déjà été signalée par le passé. Par exemple, aux États-Unis, les colonies d’abeilles sont passées de 80 000 en 1982 à 38 500 en 2004, à la suite de l’apparition de l’acarien varroa. En 2006 en Amérique du Nord et en 2007 en Europe, c’est l’hécatombe. Après une courte accalmie, le « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » revient en force en 2010.

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Principal signe de cet effondrement : les abeilles désertent les ruches en quelques jours. On suppose qu’elles sont mortes, car aucune autre ruche ne se trouve à proximité. Comme on retrouve peu de cadavres, difficile de déterminer la cause du syndrome.

Dans un champ OGM près de chez-vous

Des études allemandes ont décelé un lien entre ce syndrome et le maïs OGM qui produit une protéine toxique pour la pyrale, un insecte ravageur. Des abeilles étaient nourries avec du pollen de maïs OGM au cours de ces études publiées sur Internet, mais pas dans des revues scientifiques.

Les cotons et maïs OGM actuels posent relativement peu de risques pour les insectes non nuisibles, dont les abeilles. Voilà ce que conclut une étude parue en 2007. Les chercheurs ont analysé les résultats de 42 champs expérimentaux de coton ou de maïs OGM cultivés aux États-Unis et en Australie répartis sur 10 ans. Beaucoup de ces expériences étaient trop petites pour être concluantes par elles-mêmes. Avec leur métaanalyse, les chercheurs ont eu un échantillon assez large pour détecter des petites différences.

D’après cette métaanalyse, le maïs et le coton OGM sont plus spécifiques et ont moins d’effets secondaires sur les insectes non cibles que la plupart des insecticides couramment utilisés. Ces insectes sont plus nombreux dans les champs de maïs et de coton OGM que dans les champs de maïs et de coton traditionnels traités aux insecticides. Par contre, ils sont moins nombreux que dans les champs traditionnels non traités aux insecticides.

Que ce soit avec des conditions de laboratoire semi-naturelles (sous tunnel) ou au champ, aucune étude n’a démontré un impact négatif, direct ou indirect, tant au niveau physiologique que comportemental, des OGM actuellement commercialisés sur l’abeille domestique.

En 2008, une autre métaanalyse de 25 études a démontré que les OGM commercialisés n’ont pas d’effets négatifs sur la survie des abeilles. De plus, seul un faible pourcentage des protéines consommées par les larves provient du pollen.

Par ailleurs, aucune corrélation géographique n’a été établie entre les champs d’OGM et les régions où le syndrome est apparu. Par exemple, il a été rapporté en Suisse, où aucun OGM n’est cultivé.

Qui est alors le meurtrier

D’autres causes ont été suggérées, le manque de diversité génétique chez les abeilles domestiques, la suppression du système immunitaire ou le stress provoqué par les changements climatiques, par les produits chimiques ou par les pesticides. Plusieurs pathogènes sont aussi montrés du doigt, dont le virus IAPV. Le hic : ce virus était présent aux États-Unis avant 2006.

Par ailleurs, les abeilles perdent leur habitat : l’urbanisation accapare de plus en plus les espaces naturels. À la suite des modifications apportées au territoire, l’habitat et les sources d’approvisionnement de nos pollinisatrices disparaissent.

L’intensification des cultures, OGM ou non, n’améliore pas la situation. Ne contenant qu’une seule variété de plantes, certains champs agricoles n’offrent de quoi butiner qu’à une seule période très restreinte. Les abeilles ont, quant à elles, besoin de nectar tout au long de la saison!

L’ensemble de ces réponses

Une étude parue en 2010 tend plutôt à démontrer que l’effondrement serait provoqué par l’association entre le virus IIV (invertebrate iridescent virus) et le champignon Nosema. Mais cette étude est critiquée. Son principal auteur a déjà été consultant pour la firme Bayer CropScience qui produit des pesticides.

La majorité des experts semblent toutefois d’accord que la cause du syndrome d’effondrement n’est pas unique, mais que plusieurs facteurs interagissent. Le parasite Varroa destructor semble aussi augmenter le taux d'infection par des virus.

À l’été 2010, La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle consacrera plus de 17 millions de dollars, répartis sur 3 ans, au programme « Initiative pour les insectes pollinisateurs ». Ce programme est issu de la mobilisation et de la collaboration d'apiculteurs, de députés, de chercheurs et d'environnementalistes. Ses 9 projets de recherche visent à déterminer la cause du syndrome d’effrondrement.

Quoi faire?

Quoi de mieux que des fleurs sauvages et vivaces, aux couleurs et aux formes diverses, pour attirer oiseaux, papillons et abeilles! Pour maximiser l’attrait, assurez-vous d’avoir des plantes avec des périodes de floraison variées : cela permettra d’approvisionner les pollinisateurs en nectar tout l’été.

Vous pouvez aussi déposer une simple bûche de bois avec des trous bien lisses un peu partout. Les abeilles solitaires viendront s’y loger avec plaisir.

Dernier geste à poser : observez et notez le comportement des abeilles. Le programme « Pollinisation Canada » offre d’ailleurs un guide d’observation sur son site Web. On veut ainsi emmagasiner de l’information sur les pollinisateurs pour dresser un portrait de la situation au pays.

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