Une des grosses inconnues quant aux impacts qu’aura le réchauffement climatique tourne autour des océans. L’augmentation de la température moyenne de l’eau produira-t-elle davantage d’ouragans, ou bien des ouragans plus intenses? Une partie de l’énigme se cache dans El Niño, et des réponses commencent à émerger.
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Comme son nom complet l’indique, El Nino - Oscillation australe est un phénomène qui apparaît dans l’hémisphère sud, plus précisément dans le Pacifique. C’est un cycle irrégulier —il revient à des intervalles variant entre deux et sept ans, et ce qui permet de prévoir son « retour » est encore incertain. C’est aussi un cycle qui a des conséquences majeures sur le climat mondial. Cela commence par des eaux du Pacifique plus chaudes, ce qui entraîne, par effet domino, des perturbations ailleurs: canicules et sécheresses extrêmes dans certaines régions, précipitations et inondations dans d’autres.
Dans la dernière année, l’addition du réchauffement climatique causé par l’humain et de l’effet El Niño, a fait en sorte que, mois après mois, des records de chaleur ont été battus à l’échelle continentale ou mondiale.
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Or, une reconstitution des climats d’il y a quelque 21 000 ans à partir de la chimie des coquillages, amène des chercheurs à conclure que le réchauffement planétaire contribuera à renforcer les événements El Niño, ou du moins à rendre plus fréquents les El Niño les plus forts. Accroissant du coup la fréquence des événements météorologiques extrêmes à travers le monde.
Ils ont choisi cette période parce qu’il s’agit de celle du dernier pic de l’ère glaciaire (ou maximum glaciaire). Cette période leur fournissait une opportunité pour essayer de voir si les variations des températures annuelles auxquelles on s’attend lorsqu’on compare des années « avec » ou « sans » El Niño, pouvaient être confirmées par une analyse des variations dans l’épaisseur des coquillages —puisque ceux-ci sont très sensibles aux variations de température.
Non seulement les deux phénomènes semblent-ils être liés, mais les années plus chaudes tendent à confirmer l’existence d’une courbe de rétroaction (en anglais, feedback loop) : plus la température moyenne augmente, plus la couche d’eau qui, en surface, est plus chaude, s'amincit. Ce qui facilite son « transport » par les vents dominants vers l’Est, déclenchant un événement El Niño.
En s’aventurant un peu plus loin dans leurs projections, ces chercheurs en géophysique et en sciences de l’atmosphère provenant de cinq universités américaines, écrivent que, dans le scénario « moyen » d’augmentation des gaz à effet de serre que privilégient les climatologues, un « El Niño extrême » se produirait désormais une fois par décennie, plutôt qu’une fois par deux décennies, comme ce fut le cas au cours du dernier siècle.