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En dépit des campagnes de sensibilisation menées par les autorités sanitaires ivoiriennes et les décisions d’interdictions de chasse et de consommation de la viande de brousse, certaines populations continuent de chasser le gibier dans le pays rural.

Le directeur de l'Institut national d'hygiène publique, le professeur Simplice Dagnan a récemment déploré un «relâchement de la vigilance» face à l'épidémie.

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Selon lui, les mesures sont de moins en moins respectées et les populations ont commencé à reprendre des habitudes qui peuvent exposer la Côte d’Ivoire à la maladie. «Les recommandations visant à éviter de consommer ou manipuler de la “viande de brousse”, à commencer par l'agouti, un gros rongeur, ne sont plus suivies.»

En effet, certains restaurants continuent de servir la viande de brousse. Cependant, ils le font discrètement. Ils ne servent que les clients qui sont initiés. «En tout cas, moi je continue de consommer la viande de brousse. J’en ai même consommé en fin de semaine dans un restaurant de la ville de Toumodi», explique Cyprien Kouassi, un machiniste dans une société de transport public d’Abidjan.

En réalité, il existe un mot de passe entre les consommateurs et les restaurateurs qui continuent de mettre dans leur menu, la viande de brousse. «Si vous n’êtes pas un habitué des lieux, ou bien si vous n’êtes pas en compagnie d’une personne qui connait le code, vous n’aurez pas accès à la viande de brousse», révèle Brou Gaston, un autre consommateur de la viande interdite par les autorités sanitaires.

Ceux-ci prennent toutes ces précautions pour contourner les agents des eaux et forêts qui veillent au respect de la décision du gouvernement d’interdire la chasse et la consommation de la viande de brousse.

Lorsque les agents des eaux et forêts sont informés de ces pratiques, ils organisent des descentes pour interpeller et saisir les produits incriminés. «Une fois dans les restaurants, nous arrivons quelques fois à mettre la main sur les plats fautifs», explique un responsable des eaux et forêts sous le couvert de l’anonymat.

Selon lui, ces restaurateurs indélicats et les chasseurs bénéficient de certaines complicités. De sorte, qu’ils arrivent toujours à cacher les plats de viande de brousse avant leur arrivée.

En voyage pour Dimbokro, une ville dans le centre est de la Côte d’Ivoire, un chef de famille s’est vu proposer, le 20 septembre, du gibier. «J’ai de la viande de brousse. J'ai des agoutis et des pangolins. Si vous en voulez, je peux vous les donner à 3000F l'unité», s'est adressé le braconnier au chef de famille.

Les chasseurs continuent de se poster sur les routes nationales qui desservent les villes de l’intérieur du pays pour vendre le gibier tranquillement.

Il y a quelques jours, des témoins ont révélé que la viande d'agouti préparée se vendait à des voyageurs à Férémandougou, sur l'axe Odienné-Touba dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire.

Et pourtant, cette région est frontalière à la République de Guinée qui est touchée par le virus de l’Ébola et fait des centaines de morts.

Théodore Kouadio, de son vrai nom Kouadio Yao Théodore, est né Côte d’Ivoire. Il a débuté sa carrière de journaliste reporter à Fraternité Matin en 1997 comme correspondant. En 2002, il fait un bref passage au quotidien indépendant Le jour, avant de rejoindre à nouveau en décembre 2003, le groupe Fraternité Matin, où il est aujourd'hui journaliste web et chef de service. Il est aussi enseignant en communication et en journalisme dans les grandes écoles de communication d'Abidjan.

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