bombe-atomique

L’annonce du président Trump, le mercredi 29 octobre, comme quoi son pays allait reprendre des essais nucléaires, restera peut-être une annonce sans suite. Mais elle donnerait des raisons pour réexaminer les impacts à long terme sur l’environnement et la santé qu’ont eus, et que continuent d’avoir, les essais précédents.

Des années 1940 jusqu’aux années 1990, les pays qui étaient alors détenteurs de l’arme atomique —les États-Unis, l’Union soviétique, la Chine, la France et le Royaume-Uni— ont testé ces armes par des explosions dans l’air, puis par des explosions souterraines. Une synthèse de l’état de la recherche publiée en 2014 avait pointé du doigt qu’on était encore capable, des décennies plus tard, de mesurer l’empreinte caractéristique de cette contamination radioactive et ce, partout dans le monde —que ce soit dans l’eau, le sol ou l’air. 

Les niveaux mesurés étaient presque toujours en-dessous du seuil de danger, mais ils étaient considérablement plus élevés à proximité des lieux où avaient eu lieu ces tests. Sur ce dernier point, un rapport du Conseil des droits humains des Nations unies rappelait en 2024 que les tests nucléaires effectués par les États-Unis entre 1946 et 1958 aux Iles Marshall, dans le Pacifique, avaient encore pour conséquence, trois quarts de siècle plus tard, que des populations ne pouvaient pas revenir sur certaines îles, en raison du trop haut niveau de radiations. 

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Il existe depuis 1963 un traité d’interdiction des tests nucléaires dans l’atmosphère. Les États-Unis, l’Union soviétique et la France ont mis une dizaine d’années à mettre fin à de tels tests. 

En comparaison, des tests souterrains sont à l’évidence plus sécuritaires, mais encore faut-il que l’explosion soit contenue, c’est-à-dire qu’elle soit faite dans une caverne dont tous les accès extérieurs ont été scellés. Le rapport de 2024 prévenait que, si des fissures permettent au souffle de l’explosion de s’échapper jusqu’à la surface, cela produit une quantité considérable de poussières et de débris radioactifs. Même sans des fissures, commentent les experts depuis des décennies, il est très difficile de garantir une absence de fuites radioactives. 

Or, si les différentes puissances nucléaires ne se sont pas formellement opposées en 1996 au traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Comprehensive Nuclear-Test Ban Treaty), ce n’est pas seulement par souci pour l’environnement et la santé: c’est aussi parce que l’étude de la façon dont les particules radioactives se disséminent, peut se faire aujourd’hui par des méthodes moins dangereuses qu’une explosion nucléaire. Et encore y a-t-il des limites à ce qu’on peut apprendre: il est devenu clair depuis les années 1950 que, tout dépendant de la force des vents, les particules radioactives résultant d’un missile nucléaire explosant en territoire ennemi ne resteront pas longtemps cantonnées au territoire ennemi.

Toutefois, si les grandes puissances ne se sont pas formellement opposées au traité d’interdiction complète, elles ne l’ont pas toutes signée non plus: ni les États-Unis ni la Chine n’ont ratifié ce traité. Et la Russie s’en est retirée en 2023. Mais le moratoire tient malgré tout le coup: les États-Unis et l’Union soviétique avaient en fait convenu d’un moratoire réciproque en 1991-92, la Chine a procédé à ses deux derniers essais nucléaires en 1996, et la France en 1991 et 1996. À l’exception des tests réalisés par la Corée du Nord après 2006, aucun essai nucléaire n’a été mené depuis trois décennies, que ce soit dans l’air, ou sous la terre, d’où les inquiétudes suscitées par la déclaration du président Trump.

Le dimanche 2 novembre, le ministre américain de l’Énergie —le ministère dont dépendrait une hypothétique reprise d’essais nucléaires— contredisait son patron en déclarant que le « test nucléaire » en question n’impliquerait pas « d’explosions nucléaires », mais « les autres parties d’une arme nucléaire ». Par exemple, tester la maniabilité d’un missile à tête nucléaire, mais sans la tête nucléaire.

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