« Nous avons découvert que ces deux objets célestes se déplacent ensemble malgré la grande distance qui les sépare, soit 5 000 unités astronomiques (UA)», s’exclame l’astrophysicien René Doyon. L’équivalent de 5 000 fois la distance Terre-Soleil !
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Cette découverte est l’un des premiers fruits de la récente Caméra Panoramique Proche InfraRouge (C-PAPIR) conçue par l’équipe de recherche de l’Observatoire du Mont-Mégantic. Cette caméra possède un champ de vision très large — d’un diamètre proche de la lune — qui lui permet de repérer les objets très faiblement lumineux dans l’infrarouge, telles les naines brunes.
La recherche de naines brunes autour des étoiles proches constitue l’un des projets scientifiques poursuivis par le Groupe d’astrophysique de l’Université de Montréal. Connues depuis une quinzaine d’années seulement, les naines brunes seraient des étoiles avortées. Leur faible masse, inférieure à une étoile et à peine une soixantaine de fois plus importante que la « légère » Jupiter, ne leur permet pas de réaliser des réactions nucléaires et ainsi d’émettre de fortes radiations. Des radiations qui permettraient justement aux astrophysiciens de les relever facilement.
L’ordre du Phœnix Cette petite constellation que les astronomes repèrent facilement (nord-ouest de l’étoile Achenar ou « a Eri »), ne suscitait pas jusqu’ici la curiosité possédant que de rares galaxies bien discrètes. C’est pourtant là que logent ces deux naines brunes. Possédant une masse dix fois moindre que celle du Soleil, ces étoiles bougent de concert malgré leur grande distance et leur faible luminosité. Un mouvement commun qui serait toutefois difficilement observable, car ces étoiles naines mettraient en effet 500 000 ans à effectuer une rotation !
« C’est un modèle très fragile en raison du faible lien gravitationnel qui les retient. La rencontre avec une autre étoile pourrait le détruire », précise René Doyon. L’astrophysicien estime quand même la « survie » de ce système à un milliard d’années ! Combien existe-t-il de tels systèmes dans l’univers ? Les chercheurs sont dans le vide sidéral, car l’univers des naines brunes reste encore bien mystérieux. Les premières ont été identifiées il y a seulement une quinzaine d’années et c’est la première fois qu’une équipe d’astrophysiciens observe un tel ballet.
Sur 300 candidates, seule une quinzaine de naines brunes se sont révélées des pistes sûres. « Mais il en existerait beaucoup plus que l’on pense », avance René Doyon. Son équipe de recherche, constituée entre autres des doctorants Étienne Artigau et David Lafrenière, n’a encore balayé que 16 % du ciel et s’apprête à entreprendre un mois d’observation dans l’hémisphère nord cet été. Il faudra au minimum trois années — pour que tout le ciel soit couvert — et pour avoir une meilleure idée de la population des naines brunes.
Références
Groupe d’astrophysique de l’Université de Montréal
Planètes ou naines brunes ? sur le site de l’Agence science presse
Naines brunes par techno-science