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Les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle permettent à la nouvelle administration, à Washington, de surveiller une de ses bêtes noires: les immigrants. Mais ce faisant, on voit mal comment elle pourrait éviter une surveillance de masse du reste de ses citoyens.

Depuis 2019, le Département d’État des États-Unis demandait à quiconque déposait une demande pour un visa —soit environ 14 millions de personnes par année— d’inscrire dans le formulaire ses comptes de réseaux sociaux. Or, la nouvelle administration vient de faire l’acquisition d’outils d’IA pour cibler les comptes d’étudiants universitaires qui ont exprimé des opinions pro-palestiniennes. L’administration n’en fait pas mystère: c’est dans son programme « Catch and Revoke » (littéralement: attraper et expulser), annoncé en mars. Le Service de l’immigration a fait une annonce similaire en avril: son objectif est d'effectuer un suivi en continu des réseaux sociaux des candidats à l’immigration, « comme base pour rejeter les requêtes de bénéfices liés à l’immigration ». 

Le problème est que ce type de surveillance s’étendrait du coup à des citoyens américains : tout membre de la famille, tout ami ou collègue, qui se trouverait dans la liste des contacts réguliers des personnes ciblées sur leurs réseaux sociaux préférés. Qui plus est, une proposition de modification aux politiques d’immigration, actuellement en discussion, pourrait obliger ceux des immigrants qui, après un certain temps, déposent une demande de résidence permanente, à divulguer les comptes de réseaux sociaux de leurs « parents, beaux-parents, enfants, époux ou ex-époux », y compris ceux d'entre eux qui sont déjà citoyens américains. 

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Les groupes qui s’inquiètent des atteintes à la vie privée en ligne ont d’ores et déjà signalé que des agences gouvernementales reconnaissent utiliser des outils d’intelligence artificielle comme Babel X ou SocialNet, ce dernier pour compiler des données de plus de 200 sources, « incluant Facebook, Twitter/X, Instagram et LinkedIn, ainsi que des applications de rencontres comme Roblox ». 

Le risque d’une telle surveillance de masse est d’autant plus grand que, comme le rappelle le New Scientist, les réseaux sociaux sont fréquemment le lieu de messages ironiques ou à double sens qui peuvent être mal interprétés par une IA dont la seule mission serait de repérer des mots-clefs décrétés « suspects ». 

Même la compagnie derrière SocialNet prévient ses usagers: nos outils sont conçus pour éviter une surveillance de masse par le public, « et nous ne croyons pas qu’on puisse faire confiance aux machines pour prendre des décisions sur ce que les données veulent dire ».

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