Les communicateurs de tout acabit diffusent à tire-larigot de l’information scientifique. Internet, journaux, magazines déversent des quantités pantagruéliques d’information. S’ajoute au premier chef le déluge des informations générales constamment diffusées et répétées en boucle. Tout cela baigne dans un assourdissant brouhaha.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Tiens, tiens v’là une comète
Survient une comète et hop, on verse dans le sensationnel. Tous à la traîne de l’insignifiante comète. On en vient à qualifier «l’événement du siècle» le passage d’une boule de neige sale dans le système solaire interne.
Le bâton l’emporte sur la carotte (1). Le passage de cette comète ne nous apprendra peu de choses que nous ne savons déjà. Comme disait l’autre: «il y a rien là». Juste un spectacle, juste un peu de bruit, une forme d’analgésique intellectuelle.
Les comètes des visiteurs familiers
Les comètes sont des objets de notre système solaire qui n’ont plus de véritables secrets pour nous. Nous savons précisément d’où elles proviennent. On a visité (Sondes: Vega et Giotto) la comète de Halley lors de son dernier passage. Des photos ont été prises de son noyau (Giotto). Des sondes ont prélevé et rapporté sur Terre des échantillons du sol d’autres comètes moins médiatiques (Stardust, station spatiale MIR, module collecteur LDEF). Des sondes spatiales s’approchent présentement d’autres comètes pour les «faire parler». Nous savons calculer avec précisions leurs trajectoires. Plusieurs évidences nous permettent de penser que ce sont des comètes qui ont apporté l’eau sur Terre. Que veut-on savoir de plus? La comète ISON sera plus ou moins poreuse, elle passera près du Soleil, de cette proximité elle en sortira radieuse ou sera anéantie. Le reste est de l’épiphénomène.
Les révélations de la comète
Alors, que nous révèle donc la venue de la comète ISON? D’abord que le public est friand de connaître ce qui traîne dans les silences des espaces infinis. Et en second lieu, que le travail de vulgarisation est bâclé. L’information distribuée ne permet pas de constituer un savoir factuel. Le contexte médiatique l’interdit. Il ne faut pas oublier que nous en sommes également responsables, nous les communicateurs scientifiques et nous le public. Nous avons contribué à sa mise en place et à son maintien. Les communicateurs par complaisance, les chercheurs par leur discrétion et leur éloignement, le public par sa passivité.
La table est mise
Dans son dernier ouvrage (2), Jean-René Roy appréhende bien cet état de fait. Il écrit «Il est donc bon et utile de s’interroger, que l’on soit scientifique, historien ou intellectuel d’autres branches du savoir, sur les défis reliés au partage des connaissances et de la compréhension de l’Univers, au fur et à mesure que nous accumulons les découvertes, les unes plus étourdissantes que les autres».
La misérable comète ISON ne fait pas partie malheureusement de ce lot de découvertes.
(1) Le ciel peut-il nous tomber sur la tête?, MultiMondes. Vous lirez avec profit «La carotte et le bâton». Page 15
(2) Les carnets d’un astrophysicien. «À l’écoute des étoiles, MultiMondes. Page 43.
À lire: Au temps de la comète, H.R. Wells (1905)