Le pigment, qui était utilisé pour décorer poteries, fresques et statues a gardé toute sa beauté à travers les siècles du fait de son exceptionnelle stabilité. Il est résistant aux solvants, aux acides, aux bases et même à des températures allant jusqu'à 3000 degrés Celsius. C'est cette stabilité qui a rendu son identification difficile et ce n'est que dans les années 1960, et en utilisant des techniques de spectroscopie, que les scientifiques ont finalement élucidé sa composition.
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Les deux ingrédients principaux du bleu maya sont la teinture végétale, l'indigo, et une argile à base d'aluminium de silice et de magnésium, la palygorskite. Une des raisons qui explique la stabilité du bleu maya est que la palygorskite est très absorbante. D'ailleurs les propriétés d'absorption de la palygorskite sont exploitées aujourd'hui dans la fabrication de produits pharmaceutiques tels que les anti-diarrhéiques comme le Kaopectate®.
Mais au delà des ingrédients, les techniques exactes et les circonstances dans lesquelles les Mayas préparaient le colorant demeuraient jusqu'à présent inconnues. L'étude d'une poterie Maya qui se trouvait depuis des années au Field Museum de Chicago semble finalement avoir résolu le mystère. La poterie a été trouvée au début du siècle dernier par des archéologues au fond d'un puits au Yucatan, appelé Cénote Sacré. Les cénotes du Mexique sont d'immenses trous naturels remplis d'eau que les Mayas vénéraient comme étant la résidence de Chaak le Dieu de la pluie.
L'analyse par microscopie à effet tunnel de la poterie a révélé la présence, non seulement d'indigo et de palygorskite, mais aussi de copal, une résine d'arbre que les Mayas utilisaient comme encens. Il semble que c'est la combinaison de ces trois ingrédients qui soit responsable de la résilience du bleu maya. Le copal brûle entre 100 et 1500 degrés Celsius, soient des températures qui forcent l'indigo à l'intérieur des fibres de palygorskite. Ceci a pour effet de fuser les deux ingrédients ensemble.
Le bleu maya faisait partie du rituel pour s'attirer la bienveillance de Chaak. Quand le ciel était bleu clair et que les pluies se faisaient attendre, les Mayas organisaient des cérémonies au cours desquelles des objets et des sacrifices humains peints en bleu, la couleur de Chaak, étaient jetés dans la cénote.