Pourquoi aller au square quand je pouvais passer du temps à la bibliothèque pour obtenir des informations sur «mon animal préféré» du moment.
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Munies de pastilles de couleurs, de crayons et d'une paire de ciseaux, je compilais toutes mes trouvailles dans un cahier sous forme de fiches techniques sur les baleines à bosses, les loups ou encore le béluga.
Venaient ensuite les sorties de classes au plan d'eau, là où se rassemblaient une multitudes d'oiseaux, résidents ou migrateurs.
Et qu'importe si les cygnes essayaient de me voler mes biscuits, ils ne pouvaient pas plus m'empêcher de les observer que les macaques de Barbarie de la «Montagne des singes» (voir encadré) qui me montraient leurs dents alléchés par mes sucreries.
Enfant avec des souhaits disproportionnés
La curiosité d'une enfant peut être sans limite. Un rien fascine. Un rien distrait. Un rien questionne. Et pour moi, il n'y avait rien de plus intéressant qu'une flaque d'eau remplie de têtards —histoire qu'on me rappelle encore aujourd'hui tant elle a marqué les esprits de ma famille— ou un ver de terre qui semblait exactement savoir où il allait.
Vint ensuite l'âge d'or des cassettes VHS, ces grosses cassettes vidéo noires qu'on devait toujours rembobiner avant de les regarder pour la énième fois et qui commençaient par dix minutes de publicité. Nous ne regardions pas souvent la télé à la maison.
Pourtant, un jour en passant dans un kiosque à journaux, ma mère n'a nullement hésité à m'acheter le numéro 1 des aventures du commandant Cousteau, nouvelle revue animalière qui venait avec une cassette VHS. C'était sur les baleines à bosses .. quelle aubaine, j'allais pouvoir ressortir ma fiche technique et la compléter!!!
Plusieurs numéros ont suivi. Je regardais, encore et encore, ces cassettes —pas sûre d'ailleurs que je puisse encore les visionner tant elles sont usées!! Quoi qu'il en soit, ma curiosité voyageait au-delà des frontières de mon pays, et j'avais trouvé un héros à qui je pouvais m'identifier.
Ado avec une opiniâtreté aventurière
Pas étonnant alors d'annoncer à la conseillère d'orientation et aux parents que je voulais devenir éthologue!! Mais attention, pas de bonnet rouge pour moi, plutôt un casque d'explorateur des années 1800, pour aller parcourir la savane africaine avec les Masaïs au milieu des grands fauves.
Et oui, vive les idées romantiques et romanesques d'une ado qui lisait Je rêvais de l'Afrique (Kuki Gallmann) ou encore Out of Africa (Karen Blixen). Il ne manquait plus que les aventures de Darwin et Wallace pour compléter mes rêveries, baignées aussi par les documentaires de la BBC de Sir David Attenborough.
Heureusement pour mes parents, j'avais encore quelques années à passer à l'école avant de s'inquiéter pour la vie que j'espérais avoir à l'étranger et dans la brousse. Malheureusement pour eux, je suis plus butée qu'un âne et quand je veux quelque chose, je l'obtiens, même si cela me prend des années, même si je dois prendre des détours et peaufiner mes désirs.
Jeune adulte avec un rêve concrétisé
Aujourd'hui, je suis éthologue... enfin c'est mon hobby et non mon travail. Donc je ne porte ni bonnet rouge ni casque d'explorateur. En revanche, je porte une casquette kaki du Che, car je travaille dans la conservation des milieux et des espèces sauvages animales.
J'ai passée les trois quart de mes sept dernières années en milieu sauvage… à camper en forêt, dans la savane ou même dans les fjords.
Je passe mes journées à comprendre comment certaines espèces animales utilisent leur habitat pour essayer d'orienter l’aménagement du milieu dans lequel ces espèces vivent. Je vous en dirai plus la fois prochaine car je dois retourner à l'écriture d'un rapport sur mes dernières observations comportementales de l'écureuil roux.
Et oui, j'en écris toujours des fiches techniques!!! Elles ont toutefois beaucoup moins de charme que celles que j'écrivais avant mes 10 ans, même si j'ai su garder l'enthousiasme et la naïveté d'une enfant qui aimait —et aime toujours— autant aller se perdre dans les bois!