À ma connaissance, il y a essentiellement deux raisons. La première est qu’il y a eu une augmentation constante du nombre de titulaires d'un doctorat, un phénomène particulièrement marqué en sciences de la vie où le nombre de diplômés a plus que doublé de 1983 à 2013. On devrait normalement s’en réjouir, parce que ces diplômés très qualifiés ont le potentiel d’agir comme catalyseur pour rendre une société plus innovante et que le Canada en a bien besoin. Cependant, encore faut-il qu’ils puissent se trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences, ce qui nous amène à la deuxième raison : l’offre de postes de chercheurs en milieu académique n’a pas suivi la même tendance au fil des années. Au final, il y a donc de plus en plus de diplômés en concurrence pour un nombre de postes presque stagnant : une recette parfaite pour briser des rêves de carrière.
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Cette concurrence a non seulement des conséquences sur l’aboutissement de carrière, mais aussi sur les efforts requis pour y arriver. En effet, la recherche universitaire est très dépendante de chercheurs postdoctoraux extrêmement qualifiés en raison, entre autres, de leur coût relativement faible (40 à 45000 dollars par année) et de leur grande productivité. S’il est vrai que cette période s’est raccourcie au fil des années, surtout en raison des limites de temps imposées (généralement cinq ans), cela ne diminue pas le stress et la charge de travail, et n’empêche pas les candidats de faire plusieurs postdoctorats. Si bien qu’un candidat pour un poste universitaire peut facilement friser la quarantaine. Passons sous silence de véritables histoires d’horreur où des candidats ont passé 12 années en tant que chercheur postdoctoral, pour finalement abandonner leur rêve.
Il y a donc manifestement un problème majeur dans le système. Toutefois, pour réagir à un problème, encore faut-il que les institutions de recherche reconnaissent son existence et rien n’indique que ce soit le cas, principalement pour deux raisons. Premièrement, il s’agit d’un sujet tabou dont on parle peu dans le monde académique, pour une raison qui m’échappe. Deuxièmement, il n’existe aucun système de suivi de la progression des carrières des diplômés dans la majorité des universités, qui pourrait nous fournir des chiffres vérifiables permettant de corriger le tir lorsque l’on décèle des tendances préoccupantes. Dans mes prochains billets, je m’attarderai sur les pistes de solution suggérées par plusieurs pour remédier à ce problème.