Mouais... Plus facile à dire qu’à faire. En effet, les chercheurs scientifiques doivent publier les résultats de leur recherche dans des « revues scientifiques », qui sont classées par « facteur de citation ». Le facteur de citation, c’est comme un index de la qualité de la revue scientifique. Si une revue scientifique a un facteur de citation élevé, cela veut dire que cette revue scientifique est l’une des meilleures au monde, car son processus d’évaluation des données de la recherche est extrêmement sévère. Ne peuvent être publiés dans cette revue que les résultats de recherches de niveau extrêmement élevé et qui présentent des résultats très importants. Des revues comme Nature et Science, dont vous voyez souvent le titre dans les journaux sont de telles revues. Et puis, il y a les autres revues scientifiques, qui présentent de bons ou de mauvais facteurs de citation. Bien sûr, tous les chercheurs voudraient publier les résultats de leur recherche dans les meilleures revues scientifiques. Mais ce n’est pas si simple, car toutes les revues scientifiques ont un comité d’évaluation composé par des pairs chercheurs, mais les meilleures revues au monde ont les processus d’évaluation les plus sévères et les plus féroces qui soient.
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Lorsqu’il reçoit votre article, l’éditeur en chef de la revue scientifique peut décider d’emblée de ne pas l’accepter, car il trouve que le résultat ne concorde pas avec la qualité ou la nature de la revue. Si l’article (et le résultat qu’il résume) l’intéresse, il peut décider de l’envoyer à son comité pour évaluation. Lorsque l’article est envoyé pour évaluation, il est alors lu par deux ou trois chercheurs scientifiques œuvrant dans votre domaine (souvent des gens que vous connaissez) qui vont écrire un rapport à l’éditeur en chef pour lui indiquer les forces et faiblesses (bien souvent les faiblesses !) de votre article résumant votre découverte. Sur la base de cette évaluation, l’éditeur en chef peut décider de refuser l’article (et vous aurez donc à reprendre tout le processus avec une autre revue scientifique ayant bien souvent un plus faible index de citation) ou de vous le renvoyer en vous demandant de le modifier pour qu’il réponde aux commentaires du comité d’évaluation. Vous vous remettez donc à la tâche pour quelques mois et renvoyez le tout. Après évaluation du comité et réception du rapport par l’éditeur en chef, celui-ci peut encore décider de refuser l’article (près de 15 mois se sont écoulés depuis la soumission de la première version de l’article) ou de le renvoyer pour un deuxième tour d’évaluation et cela se poursuit jusqu’à ce que l’éditeur en chef et le comité d’évaluation jugent que l’article et les données sont assez bons pour être publiés.
Alors, mes amis... quand vous trouvez que ça prend du temps à la recherche scientifique pour fournir des résultats, rappelez-vous de l’envergure du travail qui doit être effectué par le chercheur scientifique pour publier ses résultats de recherche et surtout, surtout, de la rigueur à laquelle le chercheur et tout l’appareil de la recherche scientifique sont confrontés pour s’assurer que ce qui est publié est valide au niveau scientifique. C’est un travail de longue haleine qui est parfois très décourageant (surtout pour les jeunes étudiants en formation). En effet, il est très difficile de recevoir des commentaires négatifs sur son travail et ce, jour après jour, mois après mois, sans parfois avoir des pensées noires nous faisant regretter notre choix de carrière. De plus, lorsque l’article scientifique est accepté, tout n’est pas joué, car lorsque le chercheur soumettra une demande pour une nouvelle subvention de recherche ou lorsqu’il demandera une promotion universitaire, il sera jugé sur le nombre d’articles scientifiques qu’il publie par année et sur la qualité des revues scientifiques dans lesquelles ses résultats sont publiés. Le chercheur n’a le droit de présenter un nouveau résultat de recherche que dans un seul article. Il ne peut pas présenter le même résultat dans deux revues différentes. Donc, un article scientifique équivaut à une découverte scientifique.
Publier ou périr : le lot des chercheurs scientifiques
Lorsque les chercheurs veulent obtenir une promotion universitaire (par exemple, pour passer de professeur adjoint à professeur agrégé, ce qui inclut une augmentation de salaire), un autre comité d’évaluation se met en place pour évaluer la « productivité scientifique » du chercheur. Puisqu’un article équivaut à une découverte, le comité regarde le nombre d’articles publiés dans une année. Si vous avez publié un article par année depuis les cinq dernières années, votre productivité est vue comme bien moindre qu’un autre chercheur qui a publié 7, 10 ou même 25 articles (on en voit) par année depuis les 5 dernières années. Plus un chercheur publie d’articles par année, plus il démontre un nombre élevé de découvertes par année.
Le deuxième critère utilisé pour vous évaluer est la qualité des revues scientifiques dans lesquelles vous publiez. Si vous publiez 12 articles dans une année, mais que tous sont publiés dans des revues ayant de très faibles index de citation, ceci est moins bien vu que si vous publiez 5 articles dans l’année, mais tous le sont dans des revues scientifiques avec fort index de citation.
Enfin, le troisième critère utilisé pour évaluer votre productivité scientifique est votre « degré de rayonnement ». Le degré de rayonnement d’un chercheur se traduit par le nombre de fois où il est invité pour aller donner une conférence dans un congrès scientifique de grande envergure, le nombre de symposiums qu’il organise dans ces grands congrès et le nombre de collaborations de recherche que ce chercheur entretient avec des collègues à l’échelle mondiale. Plus vous êtes invités partout dans le monde à présenter les résultats de vos recherches, plus vous rayonnez. Votre dossier de recherche est donc évalué sur la base de l’équilibre entre le nombre de découvertes que vous avez faites dans une année (nombre d’articles), la qualité des découvertes que vous avez faites (facteur de citation) et votre rayonnement à l’échelle mondiale. Bien souvent, votre statut universitaire et votre salaire dépendent de l'équilibre fragile entre ces trois conditions.