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Cette semaine Gaston, un chat qui a l’habitude de fuguer, vous inquiète. Après 5 jours, il refait surface couvert de blessures: direction la clinique vétérinaire! Pas de fièvre et rien à signaler à son examen à la clinique: Ouf! Pourtant votre vétérinaire vous propose quelques tests dont un dépistage pour le Virus Immunodéficient Félin (FIV).

Quelle est cette maladie? Quelles en sont les conséquences, est-il possible de la détecter, la traiter ou la prévenir?

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Le FIV chez le chat: un virus qui désorganise le système immunitaire et diminue la défense contre les autres infections.

Les lignes suivantes sont une synthèse simplifiée de la nature du virus et de son action au niveau du système immunitaire ainsi que les connaissances vétérinaires récentes pour mieux protéger votre chat. L’image principale de ce billet illustre le voyage de ce virus à partir de l’infection d’une cellule jusqu’à sa multiplication.

Le FIV est un rétrovirus. Son matériel génétique est sous la forme d’un brin simple d’ARN (acide ribonucléique) caché dans une enveloppe. C’est ce matériel qui code pour toute la machinerie qui le rend capable d’infecter certaines cellules de son hôte et de s’y multiplier. Des protéines importantes se trouvent à la surface. Plusieurs types (A, B, C) entrainent une maladie plus ou moins sévère et rapide.

Le virus rentre surtout dans les cellules immunitaires, en particulier les lymphocytes T (Je décrivais ces mêmes cellules dans mon précédent billet sur les lymphomes). Alors il doit transformer son ARN en ADN (acide désoxyribonucléique) à l’aide d’une enzyme pour le fusionner avec celui de la cellule hôte contaminée. Dès lors, il commence sa multiplication, forme de nouvelles particules virales qui quittent la cellule infectée pour aller dans d’autres lymphocytes.

En même temps, les lymphocytes B (eux aussi, j’en parlais dans un précédent billet) ont détecté l’infection et fabriquent des anticorps pour tenter de le contrôler et le détruire. Mais leur travail contre le virus est inefficace et prend fin assez rapidement.

Il serait trop simple de voir les lymphocytes T comme une seule catégorie alors qu’il s’agit plutôt d’une famille avec différents membres : les CD4+ (helpers) qui orchestrent le travail des autres cellules de défense et les CD8+ (cytotoxiques) qui tuent des cellules anormales.

Avec l’infection et au cours de la maladie, les CD8+ deviennent plus nombreux alors que les CD4+ déclinent. De plus, des lymphocytes T-régulateurs, une autre catégorie de CD4+ et qui se charge d’abaisser la réponse immunitaire, deviennent plus abondants et amplifient la mort des CD4+ « classiques ».

Note: au microscope, il est possible de suspecter une infection si des lymphocytes avec de petits grains rouges sont observés en grande quantité: ce sont les CD8+.

Mais que va-t-il arriver à Gaston s’il est infecté?

Après l’infection, le système immunitaire se désorganise: les lymphocytes meurent dans ses ganglions (voir mon précédent billet) et cela empêche la synthèse d’anticorps alors que dans le sang, les proportions des sous types de lymphocytes sont anormales.

Dans son ensemble, le système immunitaire est déréglé et il lutte mal (ou pas du tout) contre les autres infections (bactéries, virus, parasites).

Avec le temps, un Syndrome d’Immuno-Déficience Acquise (SIDA) peut se mettre en place. C’est ce dernier qui pourrait être fatal pour Gaston. Toutefois dans des bonnes conditions de vie, sa séropositivité pourrait ne pas diminuer son espérance de vie.

Le FIV est-il important au Canada?

Une étude en Ontario (le plus proche de chez nous) montre que chez les chats errants en ville, jusqu’à 25% ont un test positif. Sur le même territoire, seulement 5% des chats vivant en appartement sont positifs au test.

Gaston est-il à risque?

Les chats mâles adultes non castré, ayant un accès libre à l’extérieur et qui présentent une autre maladie au moment du test sont les plus à risque d’être positif lors du test. Gaston est un bon candidat pour le test.

En cas de doute est-ce possible de confirmer l’infection de Gaston?

Plus haut on a vu que le virus sera toujours présent dans ses cellules et les anticorps formés devraient persister très longtemps. Un très bon test sanguin existe chez les chats non vaccinés. Il met en évidence les anticorps. Ce test est possible directement dans la clinique ou dans un laboratoire. Pourtant, il est fortement recommandé de confirmer ce résultat avec un autre test (technique différente).

Pour le chat vacciné c’est un peu plus compliqué: comme le test détecte des anticorps dont on stimule la fabrication lors de la vaccination, il faut avoir recours à d’autres techniques.

Un chat vacciné ne devrait pas avoir d’ADN du virus dans ses cellules car elles sont indemnes. Donc en utilisant un test qui met ce matériel en évidence (une RT-PCR), le résultat négatif indique que l’animal ne devrait pas être infecté ou qu’il y a très peu de virus.

Il est important de retenir qu’un test à un temps donné n’a pas de valeur plusieurs mois plus tard. Donc il pourrait être utile de répéter le dépistage.

Gaston a un test négatif, est ce qu’on peut prévenir la maladie?

Il existe un vaccin contre le FIV, utilisé ailleurs dans le monde. Au Canada, la vaccination n’est pas encore recommandée (mais possible) car on ne connait pas assez le détail des régions ni les types de virus présents.

La maladie est confirmée pour Gaston, existe-t-il un traitement?

Gaston a un test positif, il va alors héberger le virus dans ses cellules pour le restant de sa vie, ce qui le rend plus fragile aux autres maladies.

Il est essentiel d’optimiser ses conditions de vie: nourriture, exposition aux autres maladies ou parasites. L’avancé thérapeutique est moindre chez le chat que chez l’homme; des traitements sont possibles: il faudrait en parler au vétérinaire.

Ces quelques lignes présentent l’essentiel de la biologie du virus FIV et la maladie qui l’accompagne. Votre vétérinaire pourra vous renseigner sur les options diagnostique, préventive ou thérapeutique de cette maladie mais aussi sur d’autres virus comme le FeVL un autre rétrovirus majeur chez le chat.

Par Rémi Froment, Pathologiste Vétérinaire

Remerciements: Journal Viruses des publications MPDI pour l'illustration.

Principales sources: Mohammadi H, Bienzle D. Pharmacological Inhibition of Feline Immunodeficiency Virus (FIV). Viruses. 2012;4(5):708-724. Little S, Bienzle D, Carioto L, Chisholm H, O’Brien E, Scherk M. Feline leukemia virus and feline immunodeficiency virus in Canada: Recommendations for testing and management. The Canadian Veterinary Journal. 2011;52(8):849.

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