Les chauves-souris sont des coquines, mais pas que pour le plaisir ! La pratique de la fellation représenterait de nombreux avantages chez nos cousines ailées.
Voilà la couleur est annoncée, ce sera un article classe, mais pas moins intéressant ! Je vous explique le contexte. Le 16 décembre 2019, je rends visite à la colonie de roussettes paillées (Eidolon helvum) de Kigali, que je suis depuis quelques années. Ces chauves-souris frugivores sont fascinantes à plus d'un titre mais ce qui attire mon attention cette fois-ci, c'est ceci :
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Ah bah oui... Une auto-fellation. Ce genre de pratique n'est pas rare chez les animaux, elle permet de se nettoyer facilement le pénis (le côté pratique) sans en négliger l'agréable. Le pratique, c'est évidemment l'hygiène, pour le nettoyage en tant que tel mais la salive a aussi des propriétés antiseptiques tels que antivirales, antimycosique, antichlamydia et permet de prévenir la transmission de maladies sexuellement transmissibles.
Et l'agréable ? On sait que d'autres primates peuvent avoir des jeux et des pratiques sexuelles visant le plaisir, lors ou en dehors de la copulation, c'est le cas pour les bonobos juvéniles, qui pratiquent la fellation, homo et hétérosexuelle. Mais les chauves-souris le font aussi ! Cela a été découvert en 2009 par une équipe de chercheurs chinois de l'institut Guangdong d'Entomologie. L'équipe de chercheurs a observé le comportement nocturne de Cynopterus sphinx une espèce de chauve-souris frugivore et a mis en évidence cette pratique étonnante : lors du coït, la femelle qui est dos au mâle, se penche en avant pour léchouiller la base du pénis de son partenaire. Évidemment, il y a augmentation du plaisir et ça a comme conséquence que une seconde de fellation augmente le temps de copulation moyen de six secondes !
En dehors de la prolongation du temps de copulation, (ce qui faciliterait le transport du sperme du vagin vers l'oviducte), d'autres avantages pourraient être liés à cette pratique lors du rapport sexuel comme la lubrification, les propriétés antiseptiques de la salive, (...).
Et donc voilà. Vous voulez voir de quoi il s'agit ? Et bien voici les images issus de cette recherche, hummmmm ! :
Le petit groupe que j'observais avant leur migration annuelle (les roussettes sont parties vers la mi-janvier et devraient revenir entre carnaval et Pâques) semble être relativement jeune, comme en témoigne la pilosité du scrotum de ce jeune mâle :
Quelques mois plus tard (en janvier) elles ont clairement subi un petit changement !
J'attends leur retour avec impatience. Si elles reviennent... Oui, je dis ça car les roussettes ont mauvaise presse à Kigali, leurs sites de repos se font progressivement détruire et leur population est en net déclin depuis quelques années. Mais si elle reviennent, ce sera pour mettre bas aux alentours de juin, juillet ou août. J'espère pouvoir assister aux naissances ou du moins, observer quelques petits accrochés à leur maman.
A bientôt ! (je vous dis quoi ;-))