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Nos lointains ancêtres ont très tôt quitté leurs savanes, et ont même quitté l’Afrique à quelques reprises au cours du dernier million d’années. Mais le groupe d’Homo sapiens qui a survécu et dont nous sommes tous des descendants, ne s’est dispersé que dans les 100 000 dernières années. Que s’est-il passé pour que cette dernière « migration » soit à ce point un succès ?

Une étude parue le 18 juin dans la revue Nature pointe un élément important pour résoudre l’énigme: bien que les différentes migrations aient parcouru d’immenses territoires, et bien que nos cousins Néandertaliens et Dénisoviens semblent avoir eux-mêmes occupé des habitats éparpillés dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie, en réalité, ils n’ont pas occupé tous les habitats. 

Ce que révèle en effet cette étude, sous la forme d’une compilation des sites archéologiques africains vieux de 14 000 à 120 000 ans, c’est que les humains ont longtemps évité les habitats « extrêmes » —à commencer par les déserts, les hautes montagnes et les marais. Ce qui impliquerait que certains de ces groupes soient demeurés complètement isolés les uns des autres, séparés de leurs plus proches voisins par des barrières géographiques. Et ce qui expliquerait aussi que plusieurs de ces groupes soient disparus sans laisser de descendance.

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Ce qui a changé il y a environ 70 000 ans, écrivent ces chercheurs sous la direction d’Eleanor Scerri, archéologue à l’Institut Max-Planck de géoanthropologie, en Allemagne, c’est que les humains ont alors commencé, en Afrique, à occuper les niches écologiques qu’ils avaient jusque-là évitées. Ils sont devenus, selon les mots des chercheurs, « les généralistes ultimes ». Une fois cela fait, ils auraient été en mesure de faire de même en-dehors du continent

Quel a été ce changement, l’étude ne permet pas de le dire, mais elle pointe un changement assez rapide, et non une lente transition, comme les modèles traditionnels des migrations préhistoriques l’ont toujours supposé.

Pourrait-il s’agir d’une pression de l’environnement? On sait par exemple que le Sahara est passé, dans les 100 000 dernières années, d’un territoire beaucoup plus verdoyant à l’immense bande désertique que l’on connaît aujourd’hui. Moins de pluies sur d’aussi larges territoires implique inévitablement que des niches écologiques jadis favorables sont devenues plus « fragmentées », obligeant peut-être nos ancêtres à s’aventurer dans des territoires plus hostiles. Du coup, en développant de nouvelles habiletés, ils sont devenus plus susceptibles de s’adapter à d'autres nouveaux territoires, de plus en plus loin du continent africain.

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