La semaine dernière, une étude menée par la Earth Institute de l’université Columbia a établi que les changements climatiques avaient engendré l'épisode exceptionnel de sécheresse de 2006 à 2010 dans le nord de la Syrie. La crise alimentaire et humanitaire causée par ce climat anormalement aride a forcé des milliers d’agriculteurs à migrer vers les centres urbains exacerbant du même coup les tensions sociales. Le phénomène climatique historique aurait donc contribué à l’éclatement des violences en territoires syriens lors des révoltes arabes de 2011. Les résultats de cette étude sont controversés, mais demeurent tout de même intéressants à prendre en considération.
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Voilà maintenant que le réchauffement climatique et la hausse des précipitations dans certaines zones pourraient également mettre sous pression la sécurité de la chaîne de production alimentaire. Pour en arriver à ce constat, les chercheurs des universités de Ghent (Belgique) et de Wageningen (Pays-Bas) ont mis en commun, dans un numéro spécial, les plus récentes données scientifiques et études liées à ce champ de recherche.
Entre 2008 et 2014, 22 groupes de chercheurs, basés dans dix pays, se sont penchés sur l'existence possible d'un lien entre ces phénomènes dans le cadre du projet Veg-I-Trade . Plusieurs de ces études sont reprises dans cette édition de Food Research International.
En exemple, les inondations plus fréquentes pourraient provoquer un accroissement de la concentration de bactéries nocives pour la santé humaine. Une production de laitues irriguée par ces eaux contaminées présenterait davantage de risques sanitaires liés à sa consommation. De même, des températures plus chaudes engendreraient la prolifération de certaines toxines. L’étude cite en exemple le cas de la Pologne, où les plantations de tomates pourraient être affectées par ce phénomène.
Objectif : conscientisation
Il faut mentionner que l’étude demeure très limitée et quantifie mal les dangers potentiels réels des changements climatiques sur la contamination des produits frais. Les chercheurs eux-mêmes demeurent conscients des limites de leur étude. Le numéro spécial a plutôt comme objectif de conscientiser le milieu scientifique à cet intérêt de recherche:
«[Ce numéro spécial] propose une discussion en profondeur sur les impacts possibles des changements climatiques sur la sécurité des aliments. […] Cette étude démontre que ce facteur ne devrait pas être ignoré lors que vient le temps d'entamer des évaluations liées à la sécurité de la nourriture.» — Citation tirée de la conclusion de l’étude
Les chercheurs en viennent toutefois à la conclusion que cette tendance ne serait ni globale, ni homogène. «Les stratégies d’adaptation à l’échelle locale et communautaire sont essentielles, car les pressions liées aux conditions météorologiques extrêmes peuvent varier selon la production, le secteur et le pays», peut-on lire dans le rapport.
L’équipe de recherche estime que les recherches futures devraient s’orienter sur les manières d’améliorer notre capacité d’adapter la chaîne alimentaire aux impacts des changements climatiques afin que tout un chacun puisse assurer sa sécurité alimentaire.
Louis-Philippe B.




