Une étude publiée dans le journal Geology, de la Geological Society of America, lève le voile sur une stratégie développée par des bactéries pour survivre aux conditions extrêmes de la mer Morte : la nécrophagie. Ces bactéries se nourrissent de cadavres de microorganismes afin de bâtir des réserves de carbone, un élément essentiel à toute forme de vie. Les corps morts des archées halophiles, des microorganismes vivant dans des milieux salins extrêmes, sont également une source d’eau douce précieuse pour ces bactéries. Ces bactéries nécrophages n’étaient pas reconnues pour vivre dans des milieux aussi hostiles que la mer Morte, il s’agit d’une adaptation sans précédent.
Camille Thomas et son équipe, de l’Université de Genève, en collaboration avec l’Université de Lyon, ont étudié des fossiles provenant de sédiments de la mer Morte. Ils y ont décelé des molécules de lipides dont la structure chimique révèle que les restes organiques des archées ont été recyclés par des populations d’origine bactérienne.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
En présence de perturbateurs dans leur environnement, certaines bactéries emmagasinent le carbone et des lipides. Cela leur permet d’économiser de l’énergie et ainsi maximiser leurs chances de survie. Par ailleurs, la différence de salinité entre les bactéries et leur milieu produit un effet d’osmose. C’est-à-dire que les molécules d’eau des cellules bactériennes migrent vers l’eau de la mer, plus concentrée en sel. La bactérie a donc besoin d’un apport constant en eau douce pour conserver un équilibre, sans quoi elle risque de se ratatiner comme un raisin sec.
Située entre l’Israël et la Jordanie, la mer Morte tient son nom du fait que ni poisson ni algue ne peuvent y vivre en raison de sa concentration en sels. Toutefois, comme des plongeurs allemands et israéliens l’ont découvert il y a près de dix ans, elle possède un écosystème unique. Il s’agit d’un milieu fascinant pour étudier l’émergence de la vie et ses mécanismes d’adaptation, dans les conditions les plus improbables.