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La COP30 s’est terminée sans un plan de sortie des énergies fossiles. Mais ce résultat décevant pour les uns, prévisible pour les autres, illustre aussi un blocage vieux de 30 ans.

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Lorsqu’avait été votée, il y a deux ans, au terme de la COP28, un appel à une « transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles », les observateurs avaient été nombreux à pointer qu’il s’agissait d’une première historique, en 30 ans de négociations internationales sur les changements climatiques.  L’insertion de cette phrase dans le document final s’était faite à l’arraché, au grand déplaisir de l’Arabie saoudite.  

On espérait donc que l’engagement minimal qui avait été pris à la COP28 devienne un point de départ pour aller plus loin l’année suivante. Il n’en a rien été, et la chose s’est répétée cette année à Belém, au Brésil.

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Lorsqu’on reconstitue le fil des négociations qui ont eu lieu pendant la deuxième semaine de la COP30, on constate que dans la première version de l’entente finale, déposée le mardi 18 novembre, aucune mention n’était faite d’un mécanisme pour gérer cette sortie des carburants fossiles : le paragraphe 55 évoquait trois pistes pour un possible « plan de sortie », dont une indiquait « aucun texte ». 

C’est ce premier jet qui, pendant le reste de la semaine, a suscité les vives critiques d’un groupe de plus de 80 pays, qui espéraient que la conférence s’achève par des engagements concrets. La liste des pays en question, qui inclut la France mais pas le Canada, est connue. Toutefois, à côté de ces pays, il y en avait au moins autant pour qui toute mention d’un plan de sortie des carburants fossiles était une « ligne rouge » à ne pas franchir, avait rapporté en conférence de presse la directrice de la COP30, l’économiste brésilienne Ana Toni. Ces pays n’ont jamais été explicitement nommés, constate le magazine spécialisé Carbon Brief.

Certains pays comme l’Arabie saoudite sont à ce point réticents à faire des compromis qu’ils ont demandé le retrait, du document final de la COP30, d’une référence à la nécessité de rehausser les efforts pour « contrer la désinformation », selon le Earth Negotiations Bulletin. Il pourrait s’agir d’un signal comme quoi même les discussions sur les enjeux spécifiquement scientifiques du réchauffement climatique seraient devenues plus difficiles et « plus politiques », ajoute Carbon Brief. Un « très petit groupe de pays » serait derrière cette résistance. 

Il faut se rappeler que ces blocages sont liés au fait que toute entente, sur le plancher des COP, doit faire consensus, et il y a environ 195 pays représentés. Au point où il avait fallu attendre 2021 pour que l’expression « carburants fossiles » figure pour la première fois dans un texte final. 

Résultat, à la COP30 cette année, lorsque la deuxième version du document est apparue dans la matinée du vendredi, 21 novembre, celle-ci contenait comme principale modification un appel à tripler les fonds dévolus à l’adaptation aux changements climatiques d’ici 2030, ce qui était une des demandes des pays les plus vulnérables (la version finale du texte évoque plutôt 2035). Mais ce texte ne contenait pas de référence à un plan de sortie (en anglais, roadmap) des carburants fossiles, suscitant à nouveau les protestations de certains pays, comme la Colombie. C’est néanmoins ce texte qui a finalement été adopté. 

Lors de la réunion plénière de clôture, samedi soir, le président de la COP30, l’économiste brésilien André Corrêa do Lago, a assuré que ce plan de sortie des carburants fossiles serait au coeur d’une conférence sur la transition énergétique encadrée par la Colombie et les Pays-Bas, en avril prochain..

Quant à la volonté de « tripler les finances de l’adaptation » aux changements climatiques, il faut se rappeler qu’il s’agit d’une entente non contraignante, comme toutes les ententes signées aux COP depuis 30 ans. Ainsi, en 2021, l’objectif de « doubler » les finances de l’adaptation, soit de 20 à 40 milliards$ d’ici 2025, avait fait l’objet d’une entente à la COP26 de Glasgow, au Royaume-Uni. Toutefois, les pays riches n’ont fourni que 26 milliards$ en 2023, selon la plus récente estimation du Programme des Nations unies pour l’environnement. Ce dernier estime de plus qu’en 2035, les besoins pour les pays en voie de développement avoisineront les 300 milliards$.

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