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Il y a déjà eu une bande de terre permettant de traverser de l’Europe à l’Amérique du Nord, à pied. Ou plutôt, à quatre pattes. 

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On l’appelle le « pont terrestre de l’Atlantique nord ou le « pont terrestre de Thulé »: il reliait ce qu’est à peu près le nord de la Grande-Bretagne actuelle au Groenland, et un autre passage aurait relié le Groenland aux îles de l’Arctique canadien. Ce « pont » serait disparu il y a 56 millions d’années. Mais dans la dernière décennie, des chercheurs ont suggéré qu’il aurait continué d’être praticable beaucoup plus longtemps. Or, une analyse d’un fossile de rhinocéros canadien tend à confirmer cette hypothèse. 

Il y a en effet déjà eu des rhinocéros dans l’Arctique canadien —et ailleurs en Amérique du Nord— jusqu’à voici environ 23 millions d’années. La question a toujours été de savoir si les plus récents étaient les derniers descendants de rhinocéros européens arrivés plusieurs dizaines de millions d’années plus tôt, lorsqu’il y avait un pont terrestre, ou si ce pont avait pu exister plus récemment.   

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Le fossile en question —une collection d’os permettant de reconstituer plus de 70% de l’animal— avait été découvert en 1986 dans l’Arctique, sur l’île Devon. Vieux de 23 millions d’années, l’animal est aujourd’hui désigné comme appartenant à une espèce distincte des autres rhinocéros nord-américains, baptisée Epiatheracerium itjilik. Son plus proche parent serait une espèce déjà connue de rhinocéros européens. Sauf que cette espèce est arrivée en Europe il y a seulement 34 millions d’années. Pour que certains de ses représentants aient eu le temps de marcher jusque dans le nord de l’Amérique, il a donc fallu qu’il y ait un pont terrestre plus tardivement que ce qui était admis jusqu'ici, écrivent les chercheurs, sous la direction de la paléobiologiste Danielle Fraser, du Musée canadien de la nature, à Ottawa. 

La recherche est parue le 28 octobre dans la revue Nature Ecology & Evolution. L’équipe a dû comparer son analyse avec celles déjà publiées sur 57 groupes anciens de rhinocéros —la plupart aujourd’hui disparus. À partir de là, ils ont pu constituer une sorte d’arbre généalogique de ces différents groupes qui leur permet d’affirmer que le groupe auquel appartient Epiatheracerium itjilik a traversé il y a 20 à 30 millions d’années. 

Ce langue de terre aurait-elle pu être émergée plus longtemps encore? Les plus optimistes prétendent qu’elle aurait pu subsister au-dessus du niveau de la mer « plus ou moins en continu » jusqu’à voici 3 millions d’années. Mais il faudra d’autres ossements que ceux d’un rhinocéros pour le démontrer.

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