Le travail vient du décidément très médiatique Craig Venter, celui qui s’était fait connaître il y a des années comme le meneur parmi les « décodeurs » du génome humain. Depuis, avec sa compagnie (voir ce texte), il n’a cessé de faire parler de lui à travers différentes initiatives commerciales (lire Virus artificiels) gravitant chaque fois autour de la génétique (voir ce texte).
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Un travail antérieur a établi à 400 le nombre minimal de gènes que doit contenir un génome pour former un être vivant fonctionnel —en l’occurrence, une bactérie. Pour en arriver là, l’équipe de Craig Venter avait, en quelque sorte, « réduit au silence » les gènes d’une bactérie, un par un (Venter a d’ailleurs tenté, et échoué, dans ses tentatives pour breveter ce « génome minimal »). Une fois cette information obtenue, l’objectif était de reproduire chimiquement ce génome.
Autrement dire, en faire une copie, bref, fabriquer un génome artificiel —et l’introduire dans une autre bactérie, pour voir ce qui va se passer.
L’équipe, qui appartient à l’Institut J. Craig Venter —c’est vraiment le nom de la nouvelle compagnie— de Rockville (Maryland) a donc « reproduit » les gènes de la bactérie M. mycoides, et les a introduits dans une bactérie cousine, M. capricolum. Toutes deux infectent les vaches et les chèvres. Le résultat ne peut être jugée que par les protéines produites par la bactérie modifiée, et de ce point de vue, lit-on dans la revue Science, cette bactérie semble avoir été radicalement transformée.
Est-ce un pas vers la production d’une forme de vie artificielle, comme le suggère l’article du New Scientist? Tout dépend du point de vue : la nouvelle bactérie ne sort pas du néant; elle est un être vivant radicalement modifié. L’important est plutôt de savoir —et c’est là que surgissent toutes les inquiétudes qu’on peut imaginer— si une telle transplantation serait envisageable chez des bestioles aux génomes passablement plus complexes. Et ce qui se passerait si quelqu’un réussissait.