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Une sonde martienne russe se perd dans l’espace, en même temps qu’une américaine, pourtant lancée avec succès, est décrite comme un chant du cygne. Et cela, alors que les premiers astronautes sur Mars reviennent sur Terre sans jamais l’avoir quittée.

La conquête spatiale, version 2011, a du plomb dans l’aile. Pendant que la NASA se réjouissait du lancement réussi de Curiosity le 26 novembre, ce robot qui roulera peut-être sur Mars l’été prochain, tous les observateurs soulignaient aussi les difficultés financières de la NASA. Au point où, si rien ne change, Curiosity pourrait être la dernière sonde martienne avant très longtemps —et on n’ose même plus évoquer la possibilité d’un vol habité vers Mars.

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La manchette la plus cruelle est peut-être celle de Wired, pour qui «Le futur de l’exploration spatiale habitée est dans les vers». Une allusion aux astronautes microscopiques qui, depuis 12 générations (depuis 2006), vivent à bord de la station spatiale internationale. Officiellement, ils servent à étudier l’évolution de la physiologie en apesanteur —parce qu’eux aussi souffrent d’atrophie des muscles. Officieusement, ces vers C. elegans seront peut-être les seuls passagers enrôlés dans un voyage spatial de longue durée avant très, très longtemps.

Ironiquement, ces constats surviennent après la fin de la mission «Mars 500», au cours de laquelle six hommes (trois Russes, un Français, un Italien et un Chinois) ont vécu 520 jours dans un environnement hermétiquement clos, dans la banlieue de Moscou, simulant un vaisseau spatial qui aurait effectué l’aller-retour Terre-Mars. L’expérience, achevée le 4 novembre, a été un succès à son échelle: elle a permis de tester les impacts psychologiques d’un aussi long voyage, comme ils n’avaient jamais été testés auparavant.

Mais ce ne sont sûrement pas les Russes, sous l’égide desquels cette expérience était menée, qui auront les moyens d’envoyer une vraie mission vers la planète rouge dans les prochaines décennies.

Peut-être les Chinois? Loin des projecteurs, ils poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Le 1er novembre, un engin automatique, Shenzhou-8 s’est arrimé à la mini-station inhabitée Tiangong-1, accomplissant ainsi le premier rendez-vous chinois en orbite. Il s’agit d’un prélude à un vol habité en 2012, peut-être même deux, où ces manoeuvres seraient à nouveau testées. Et peut-être aussi le prélude, à une vraie station spatiale qui, à en croire les plans, verrait le jour d’ici 2020.

Au même moment, une bonne vieille fusée Soyouz, en rejoignant la station spatiale internationale, accomplissait elle aussi une première, mais d’un tout autre ordre: le premier vol de l’ère «post-navette», pendant laquelle les Américains seront entièrement dépendants des Russes. Ce Soyouz a laissé sur la station trois astronautes —deux Russes et un Américain— et est revenu le 21 novembre avec trois autres —un Russe, un Japonais et un Américain— qui y séjournaient depuis plus de cinq mois.

Les Russes n’ont toutefois pas pu s’enorgueillir longtemps de ce succès: leur sonde martienne, Phobos Grunt, lancée le 8 novembre, a cessé d’émettre, à peine arrivée en orbite terrestre.

Un faible signal a bien été capté le 23 novembre par une station européenne sise en Australie, mais sans suite. Même si la sonde était réanimée maintenant, ce serait probablement trop tard: la «fenêtre» vers Mars, c’est-à-dire la période pendant laquelle Mars était dans la position idéale pour que la Terre puisse lui envoyer un colis, cette période donc, est en train de prendre fin pour cette année. Si rien ne change, Phobos Grunt terminera sa carrière en retombant à travers l’atmosphère terrestre, peut-être dès janvier.

Détail gênant: Phobos Grunt, qui était destiné plus précisément à l’étude de Phobos, lune de Mars, est la 19e sonde russe envoyée vers Mars depuis 1960. Bien que certaines se soient rendues jusque-là, aucune n’a complété sa mission.

Côté astronautes, Phobos Grunt transporte lui aussi les siens: des représentants de 10 espèces de micro-organismes, que l’on espérait recueillir à leur retour, afin de voir comment ils avaient toléré un aussi long séjour dans l’espace.

À défaut d’humains, l’exploration spatiale des années 2010 fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a...

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