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Ne laissez pas traîner votre téléphone mobile près d’Yves-Alexandre de Montjoye. Il lui suffirait de quelques données personnelles pour dévoiler au monde entier votre personnalité. «Nous sommes uniques dans notre manière d’être mobile et de téléphoner.»

«Si je regarde la trace GSM (Global System for Mobile Communications) de 4 endroits et temps personnels, je peux vous identifier dans une foule», relève le chercheur en sciences sociales informatiques au Media Lab du MIT à Boston.

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La prédiction des traits de personnalité des utilisateurs de téléphones intelligents (extraverti, consciencieux, aimable, ouvert ou encore névrosé) ne doit rien au hasard, mais tout aux métadonnées ou «Big data», comme Yves-Alexandre de Montjoye l’expliquera lors du Bar des sciences, Big Data: Big Brother? qui se tiendra ce soir au Cœur des sciences de l’UQÀM, en compagnie du spécialiste du droit de la sécurité et des affaires électroniques Vincent Gautrais et du mathématicien Arthur Charpentier.

Il reste toujours des traces de nos communications et de nos échanges avec les réseaux sociaux ou les applications de géolocalisation. En dépit des grincements de dents qu’ont soulevés les révélations de surveillance de l’agence de sécurité nationale (NSA), les usages de métadonnées seraient majoritairement positifs pour les utilisateurs des nouvelles technologies de l’information. «Les usages négatifs représentent seulement un petit pourcentage. De Google à Netflix, les utilisateurs sont gagnants», soutient-il.

La surveillance des risques de transmission de la malaria entre la région des Grands Lacs et le Kenya constitue un des exemples parfaits de l’utilité de la circulation des métadonnées. Leur explosion bouleverse le travail des scientifiques délaissant le terrain au profit de l’ordinateur pour tenter d’établir dans ce cas précis une vision plus globale des échanges des différentes communautés et de la circulation des maladies.

Ce changement d’échelle oblige toutefois les chercheurs à débattre sur l’importance de se poser les bonnes questions. Un débat anime actuellement la communauté sur la différence entre la corrélation et le lien causal. «La consommation nationale de chocolat ne permet pas de prédire les prix Nobels, contrairement à ce qu’on pourrait avoir envie d’écrire. Plus on a de données, plus on a de variables à manier avec précaution», relève-t-il avec justesse.

Le chercheur compare toutefois cette collecte de données massives à l’invention du microscope qui a permis d’observer de manière plus précise le monde qui nous entoure et qu’il reste à l’interpréter correctement. «Nous vivons tout de même un formidable bond en avant scientifique», insiste-t-il.

Une mobilité contrôlée

Alors que vous approchez de votre domicile, le système de règlementation du chauffage relève de quelques degrés les calorifères. Lorsque vous glissez la clé dans la porte, la température de la maison est idéale pour retirer bottes et manteau et vous glisser dans vos pantoufles. Voilà le résultat d’une communication réussie entre votre téléphone mobile et votre chauffage intelligent.

Dans le futur, l’application n’aura pas besoin de vous suivre constamment à la trace (géolocalisation) pour connaitre à quel moment hausser la température des calorifères. Il lui suffira de savoir à quel moment vous franchissez un périmètre situé autour de votre maison. «Nous visons un New Deal numérique, une révolution dans la mobilité où chacun se réappropriera ses données numériques selon l’usage qu’il désire et de manière plus anonyme», assure le chercheur.

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