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Gène par gène, le portrait de l’humanité se précise. La reconstitution partielle du génome d’un Homo sapiens vieux de 45 000 ans, en plus de faire reculer l’horloge de plusieurs milliers d’années, a renforcé l’idée de liens intimes entre nos ancêtres et les Néandertaliens, dans un passé pas si lointain.

L’Homo sapiens a fait ses premiers pas hors d’Afrique il y a moins de 100 000 ans, en passant par l’Arabie, et il n’a probablement mis pied en Europe que 40 000 ans plus tard. C’est dans cette période qu’il a rencontré sur son chemin des Néandertaliens, dont les ancêtres avaient quitté l’Afrique beaucoup plus tôt. Et si toutes les populations autres qu’africaines ont aujourd’hui de 1,5 à 2,1% de gènes néandertaliens, c’est de cette période qu’ils proviennent.

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Mais où et quand se sont produites ces rencontres? Le génome de 45 000 ans, publié le 23 octobre dans la revue Nature , ne répond pas directement à ces questions, mais l’équipe du généticien allemand Svante Pääbo —qui est derrière un effort massif de décodage de gènes préhistoriques depuis deux décennies— souligne à grands traits deux choses :

  • ces gènes proviennent d’un os de fémur retrouvé dans l'ouest de la Sibérie, près d’une rivière appelée Irtysh
  • et il s’agit du plus ancien fossile d’humain «moderne» qui n'ait été retrouvé ni en Afrique, ni au Moyen-Orient.

Autrement dit, il y a 45 000 ans, une branche de l’humanité qui s’était éparpillée entre l’Arabie et la Sibérie, avait déjà croisé et échangé avec des Néandertaliens. Sur la base des séquences de gènes néandertaliens que l’on connaissait déjà —ces fameux 2%— et qui ont aussi été retrouvées dans ce génome, l’équipe du Dr Pääbo estime que les ancêtres de cet homme, donc nos ancêtres, se sont reproduits avec des néandertaliens il y a 50 à 60 000 ans. L’estimation précédente couvrait une fourchette considérablement plus large : de 37 000 à 86 000 ans.

Il se trouve que 50 à 60 000 ans, c’est aussi la période où commencent à apparaître des traces de ce qu’on appelle aujourd’hui la culture : les premiers bijoux, les premiers dessins, et peut-être même la musique. Ces traits sont-ils apparus spontanément chez l’Homo sapiens, ou sont-ils le résultat d’une émulation entre deux groupes séparés par des dizaines de milliers d’années?

L’autre mystère est ce qu’il est advenu des Néandertaliens —dont l’extinction, en Europe, s’achève il y a moins de 30 000 ans— mais aussi ce qu’il est advenu des descendants directs de cet humain: parce que tout humain qu’il soit, une partie de son génome est suffisamment différente du nôtre pour que les généticiens doutent que sa lignée ait survécu jusqu’à nous.

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